Si l'alliance entre l'Arabie saoudite et les Émirats est forte au Yémen, l'Arabie saoudite demeure nettement plus puissante que son voisin, membre du G20, ce dont les Émirats, peu peuplés, sont parfaitement conscients. Le royaume saoudien, d'abord installé sur un petit territoire au centre de la péninsule, s'est progressivement étendu hormis le long des côtes de la mer d'Arabie, où les Anglais étaient installés. Ce déséquilibre est d'autant plus vrai entre le Qatar et l'Arabie saoudite, d'autant que les Émirats bénéficient d'un avantage en l'amitié que se portent les deux princes héritiers. Cette alliance pourrait toutefois souffrir de la succession prochaine au sultanat d'Oman, à propos de laquelle les deux pays s'estiment concernés. La coalition formée à Aden en 2015 a été mise à mal par le prolongement de la guerre civile au Yémen, qui a rendu nécessaire certaines concessions. Ainsi, malgré leur détestation pour le mouvement, les Émirats ont dû s'allier aux Frères musulmans, eux-mêmes historiquement proches de l'Arabie saoudite, sur le sol yéménite. S'agissant du rapprochement entre les pays du Golfe et Israël, à Bahreïn comme ailleurs, je vous rappelle que les premières tentatives sont anciennes, à Oman et au Qatar notamment, mais la question palestinienne demeure un frein à son approfondissement. Elle bloque notamment les négociations relatives à la levée d'un boycott jugé anachronique.
Madame Perol-Dumont, l'Arabie saoudite juge effectivement irresponsable le souhait d'indépendance diplomatique des Qataris, au regard des risques régionaux de conflit avec l'Iran. La diplomatie française reste attachée à l'équilibre entre les parties : la France a signé un accord de défense avec les Émirats et avec le Qatar, qui ne sont pas alliés. Cette politique d'équilibre est également suivie par le Maroc, par exemple, alors que la Jordanie s'est nettement rangée aux côtés de l'Arabie saoudite.