Intervention de Louis Blin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 31 janvier 2018 à 9h35
Audition conjointe sur « l'arabie saoudite dans son environnement régional »

Louis Blin, chargé de mission au CAPS du ministère de l'Europe et des affaires étrangères :

La Palestine, monsieur Patriat, demeure un enjeu pour les musulmans, notamment pour les Arabes et, en conséquence, un point de blocage dont il est impossible de faire abstraction malgré l'existence d'intérêts communs avec Israël. Les contacts existent néanmoins : il existe ainsi un ambassadeur israélien officieux aux Émirats, représentant auprès de l'organisation internationale pour les énergies renouvelables. Al Jazeera, de moins en moins regardée, n'est plus qu'un épiphénomène dans la région.

Les monarchies pétrolières disposent en réalité, monsieur Yung, de nombreuses autres ressources : mines, énergie solaire, tourisme, que l'Arabie saoudite va développer en délivrant, à compter du mois de mars prochain, des visas touristiques. Le pari d'ouverture économique du prince héritier est donc rationnel. Il ne faudrait pas retenir de la formule de Kamel Daoud que salafisme et wahhabisme sont identiques. Le salafisme est un fondamentalisme religieux. Le wahhabisme, fondé au XVIIIème siècle par Mohammad ben Abdel Wahhab, est une sorte de salafisme au coeur du lien entre l'Islam et la monarchie saoudienne. En son nom, ont été commises d'effroyables violences lors de la conquête du royaume par les premiers Saoud. Associé au pouvoir, le wahhabisme s'est amplement assagi pour devenir légitimiste et, partant, non violent. Le salafisme peut, pour sa part, utiliser la violence comme moyen de contestation, comme Oussama ben Laden qui prônait un djihadisme anti-wahhabite. Les fondamentalistes musulmans ne constituent aucunement des terroristes en puissance, comme le prouve l'exemple de l'Arabie saoudite, malgré son soutien à Al-Qaïda avant 2001, soutien auquel la Central intelligence agency (CIA) n'était pas non plus étrangère. Depuis cette date, le pays a d'ailleurs été victime de plusieurs attentats. La radicalisation de l'Islam ne prend pas sa source en Arabie saoudite ; les causes en sont internes à chaque pays.

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