Intervention de Gérard Poadja

Réunion du 20 février 2018 à 15h00
Accession à la pleine souveraineté de la nouvelle-calédonie — Explications de vote sur l'ensemble

Photo de Gérard PoadjaGérard Poadja :

Monsieur le président, monsieur le rapporteur, madame la ministre, mes chers collègues, ayant déjà eu l’occasion de m’exprimer longuement en commission et lors de la discussion générale sur le projet de loi organique qui nous est aujourd’hui soumis, je rappellerai simplement l’esprit et la lettre d’un texte fondateur pour la Nouvelle-Calédonie et pour la France, dans ses relations avec notre pays : le préambule de l’accord de Nouméa. Un préambule qui éclaire le texte que nous examinons aujourd’hui.

On a su, au travers de ce préambule, mettre des mots sur les non-dits de notre histoire commune. On a su parler des « ombres et lumières » de la période coloniale pour reprendre la belle formule de l’accord. On a su reconnaître que le peuple kanak, peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie était un peuple colonisé, qui avait été marginalisé aux frontières géographiques, économiques et politiques de son propre pays, selon le texte de l’accord. Un peuple dont l’identité a été niée dans ses fondements mêmes : ses langues, son lien à la terre, son rapport au temps et au monde. C’est pourquoi cette reconnaissance du fait colonial était indispensable.

Toutefois, une autre reconnaissance l’était tout autant : celle des populations qui, tout au long de la période coloniale, venues d’Asie, d’Océanie et d’Europe dans le cadre de la colonisation libre ou pénale, ont, au fil du temps, dans des conditions particulièrement difficiles, mis en valeur la Nouvelle-Calédonie et contribué à son développement.

Ces populations ont, là aussi, par leur participation à la construction du pays, acquis une légitimité à vivre en Nouvelle-Calédonie et à décider de son avenir.

Le texte que nous allons adopter aujourd’hui est la traduction politique et juridique du préambule de l’accord de Nouméa. Il apporte une définition ultime au corps électoral référendaire qui devra se prononcer dans quelques mois sur l’avenir de notre pays.

Ce texte contribue à la définition d’un peuple, le peuple calédonien, ce peuple de toutes les couleurs et de toutes les cultures, qui, par les hasards de l’histoire du monde, est en train de se construire dans une petite île du Pacifique en Mélanésie. Un peuple qui a appris à conjuguer populations autochtones et populations venues d’ailleurs.

Comme l’a souligné dans une belle formule le président du Sénat, notre collègue Gérard Larcher, lors de sa venue devant le Congrès de la Nouvelle-Calédonie le 23 février 2016 : « Depuis les accords de Matignon, les Calédoniens […] ont refusé que les visions divergentes de l’avenir se règlent par une partition, géographique ou ethnique. […] Mais l’unité du peuple calédonien a prévalu et s’incarne dans la citoyenneté inscrite dans la loi organique du 19 mars 1999. »

Oui, monsieur le président du Sénat, vous avez vu juste : malgré les difficultés, « l’unité du peuple calédonien » a toujours prévalu. Et je souhaite de tout mon cœur que, malgré les inévitables tensions, il en soit de même au lendemain du référendum, pour que les Calédoniens puissent continuer à construire leur destin commun, dans la France et dans la paix.

Mes chers collègues, le groupe Union Centriste votera en faveur de ce projet de loi organique.

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