Intervention de Marlène Schiappa

Réunion du 20 février 2018 à 15h00
« femmes et agriculture : pour l'égalité dans les territoires » — Débat interactif

Marlène Schiappa  :

Monsieur le sénateur, le constat que vous dressez est très juste. Ayant répondu tout à l’heure à la question que vous posez sur la limite d’âge de quarante ans, je ne me répéterai pas. Je répondrai en revanche à une autre de vos questions, qui est très pertinente elle aussi : celle de l’orientation et de l’insertion des femmes dans le monde agricole.

Je pose d’abord un constat, sous la forme d’un chiffre simple : il y a 50 % de filles dans l’enseignement agricole. Cela nous montre que les métiers de l’agriculture sont aussi attractifs pour les femmes que pour les hommes, pour les jeunes filles que pour les jeunes garçons. C’est donc par la suite, monsieur le sénateur, en lien avec tous les éléments que vous avez très justement listés, que se produit un effet d’entonnoir, une sélection, un empêchement de ces jeunes filles à créer leur propre exploitation.

C’est dès l’orientation, néanmoins, que nous pouvons agir. L’enseignement agricole a en effet un double objectif : former ces jeunes et les préparer à être les citoyens de demain.

À cette fin, outre le face-à-face avec les élèves, l’enseignement agricole anime des politiques éducatives dans les champs de la citoyenneté, des valeurs de la République, de la santé, du projet professionnel. Il y a là, me semble-t-il, un levier très important dans la manière dont l’enseignement agricole peut armer les jeunes filles en matière de construction pérenne et de développement de leur projet professionnel, dans tous ses aspects : dans l’aspect très concret, très pragmatique, mais aussi dans l’aspect très business, n’ayons pas peur des mots, dudit projet.

Les bonnes pratiques et les capacités d’innovation pédagogique de l’enseignement agricole en matière d’éducation à l’égalité entre filles et garçons sont reconnues notamment par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, et sont souvent citées. Ces actions sont portées par un réseau qui existe depuis 2002, le réseau Insertion-égalité des chances. Je citerai, à titre d’exemple, des semaines thématiques organisées sur le thème « Santé, sexualité, développement de l’adolescent et stéréotypes de genre » en quatrième et en troisième ; des formations à destination des équipes enseignantes sont également mises en place.

Le recensement de toutes les actions menées dans les établissements agricoles, que nous avons effectué à l’occasion du Tour de France de l’égalité entre les femmes et les hommes, montre bien leur dynamisme. Un exemple : le colloque mené au lycée viticole de Mâcon, avec des témoignages forts, posant la question des préjugés sur les stéréotypes de genre et la manière dont on peut mieux accompagner les jeunes filles dans la création ou la reprise d’une exploitation agricole.

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