Intervention de Régine Hatchondo

Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale — Réunion du 7 mars 2018 à 9h40
Attractivité et compétitivité juridiques du marché de l'art français — Table ronde avec des représentants des instances de régulation et de contrôle

Régine Hatchondo, directrice générale de la création artistique au ministère de la culture :

Dans les années 1950, la France représentait 60 % du marché de l'art international, dont elle constituait une place forte. Désormais, cette proportion, s'agissant de l'art contemporain, s'établit à 4 %, contre 43 % pour les États-Unis, 21 % pour la Grande-Bretagne et 19 % pour la Chine. Le chiffre d'affaires français atteint 2,8 milliards d'euros, dont 0,5 milliard d'euros pour l'art contemporain, réparti entre les galeries (45 %) et les ventes volontaires (55 %). Ce recul s'explique à la fois par la mondialisation du commerce de l'art, par l'affaiblissement des galeries, dont l'activité devient de moins en moins rentable (à peine 0,5 %), et, surtout, par le déplacement des fortunes, qui pour partie investissent dans l'art pour des raisons spéculatives, vers New York, Hong-Kong, Shanghai ou Pékin. Selon une récente étude de Nathalie Moureau, le niveau croissant des charges pèse sur la rentabilité des galeries. Il est désormais extrêmement coûteux de défendre un artiste à la foire internationale de l'art contemporain (FIAC) ou à Art Basel, ce qui conduit les galeries à limiter les prises de risque, d'autant qu'en France, les relations entre artiste et galerie ne sont pas contractualisées et, partant, ne comprennent aucune obligation de fidélité. Les galeries souffrent enfin de la concurrence des ventes en ligne même si elle demeure, en France, moins agressive que dans les pays anglo-saxons. En conséquence, nous ne disposons, à l'exception notable de Perrotin, d'aucune galerie d'envergure internationale en art contemporain ; beaucoup sont de taille moyenne, fragiles et peu rentables malgré leur dynamisme. Ce constat explique, en partie, le fait que sur les cent premiers artistes contemporains en termes de notoriété ne figurent que sept Français : Marcel Duchamp, Louise Bourgeois, Henri Matisse, François Morellet, Christian Boltanski, Daniel Buren et Pierre Huyghe. Beaucoup sont morts et Pierre Huyghe, le plus jeune, est né en 1962...

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