Je voudrais remercier le président, Monsieur Michel Magras, son bureau et la délégation d'avoir organisé cette rencontre avec Madame Laura Flessel, ministre des sports. Madame la ministre et moi-même avons un point commun : nous venons tous les deux du mouvement sportif. Et, bien souvent, le mouvement sportif conduit à la politique. Il y a 41 ans, j'étais le plus jeune président d'une ligue en France. J'ai eu l'occasion de rencontrer Madame Laura Flessel à de multiples reprises et de lui rendre hommage en Guyane. Elle allait souvent enseigner et pratiquer avec les jeunes, dont certains sont devenus champions olympiques par la suite (je pense notamment à Ulrich Robeiri, champion olympique en escrime par équipe). Tout cela pour vous dire que le monde est un village.
Tout ce que nous avons entendu aujourd'hui montre que les outre-mer contribuent au rayonnement de la France dans tous les sports, y compris en natation, alors que certains scientifiques pensaient que les noirs ne savaient pas nager. Or, Malia Mettela, vice-championne olympique, est la première femme noire à être montée sur un podium olympique en 2004.
En ce qui concerne les bases avancées, j'avais demandé à Monsieur Nicolas Sarkozy que les équipes françaises puissent s'entraîner en Guyane en vue de la Coupe du monde de football et des Jeux olympiques de 2016. Le résultat fut excellent : environ 50 millions d'euros ont été investis dans un partenariat entre l'État, les collectivités territoriales et les collectivités communales afin de permettre à la Guyane de bénéficier d'équipements de haut niveau et de combler, en partie, son retard en matière d'infrastructures.
Pour revenir sur la question de Monsieur Gérard Poadja, j'ai récemment interrogé à ce sujet Monsieur Tony Estanguet, en sa qualité de président du Comité d'organisation des Jeux olympiques (COJO). À cette occasion, j'ai fait le voeu que le terme de « base avancée » soit préféré à celui de « base arrière », car le choix des mots est symbolique. J'ai également défendu l'idée de faire de la Nouvelle-Calédonie une base avancée pour les équipes de France dans la perspective des Jeux olympiques de Tokyo. Cette initiative pourrait s'inscrire dans un mouvement plus large en imaginant que partout dans les outre-mer il puisse y avoir des bases avancées pour les échéances de 2024. Lorsque des nageurs et des athlètes brésiliens se rendront aux Jeux olympiques à Paris, ils apprécieront sans doute de pouvoir s'entraîner en amont en Martinique, en Guadeloupe ou en Guyane. Or, il faut des équipements structurants pour réaliser cela. Je suis donc un farouche partisan d'une telle politique et je peux témoigner moi-même de l'impact positif d'une telle démarche sur nos territoires.
En ce qui concerne la CONCAFAF, je suis un militant actif de l'intégration de nos territoires dans leur environnement. C'est nous qui faisons rayonner la France sur tous les continents, et particulièrement en Amérique du sud et dans la Caraïbe. Et cela n'est pas être séparatiste que de vouloir voir briller une sélection guyanaise avec des joueurs de très haut niveau, dont certains ont été sélectionnés en équipe de France. Or, je pense au conflit récent qui nous oppose à la CONCACAF au sujet de Florent Malouda. En effet, notre joueur de football, sélectionné 80 fois en équipe de France, n'a pas eu le droit de disputer la Gold Cup au sein de l'équipe guyanaise, et ce en dépit de la jurisprudence Angloma (2007). Soyez notre avocate, madame la ministre. Je sais que vous saurez nous défendre. Je vous invite à vous engager dans ce combat que nous aurons à mener avec les ligues de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe, car c'est l'image de la France que nous défendons. Quel hymne est joué lorsque nous disputons une compétition à Dallas ou à Miami ? Il s'agit bien de l'hymne national français. Si nos sélections sont handicapées dès le départ, nous serons la risée de tous ces pays. Souvent, ces pays nous encouragent à prendre notre indépendance - car le problème est fondamentalement politique - pour régler cette question. Je pense donc qu'aujourd'hui, plus que jamais, il faut trouver les moyens sur le plan juridique de nous permettre de présenter nos joueurs dans les sélections de haut niveau lorsqu'ils ne font plus partie de l'équipe de France. Je sais pouvoir compter sur vous, puisque nous avons déjà commencé à étudier la question ensemble. Voici donc mon plaidoyer.
Le sport, facteur d'intégration, est le paravent contre tous les fléaux, et spécifiquement dans un pays comme la Guyane, qui connaît de grandes difficultés, notamment avec le problème des jeunes « mules » qui se retrouvent pour 2 000 euros emprisonnées à Fresnes. En investissant dans des équipements sportifs et en donnant des moyens aux bénévoles, qui sont nombreux et qui n'attendent rien en retour, nous réussirons notre pari de faire rayonner nos territoires, et notre pays tout entier.