Je commencerai par Mayotte. Je suis très attachée au drapeau français et, dès ma nomination, nous avons rencontré la délégation de Mayotte et échangé avec le ministre des Comores. Nous avons ainsi amorcé il y a cinq mois un important travail diplomatique entre tous les acteurs concernés. Aujourd'hui, la balle est dans votre camp, car toutes les autres îles ont accepté de voir jouer une délégation unique réunissant La Réunion et Mayotte. Or, le président du conseil départemental de Mayotte s'oppose à cette solution d'équipe unifiée. Nous souhaitons continuer à travailler ensemble, et je forme le voeu de voir cette équipe unique représenter la République française à Djibouti.
Par rapport au plan Mayotte 2025 qui vise à développer la pratique sportive, mes objectifs principaux sont de développer le tourisme sportif et de renforcer la construction des infrastructures sportives. En ce sens, nous travaillons avec l'AFD afin de structurer le secteur associatif et multiplier les actions en faveur de la jeunesse. Car, même si la jeunesse ne fait plus partie du portefeuille du ministère des sports, le travail en interministériel nous permet de conserver la cohérence des programmes. À ce titre, nous pouvons notamment citer le dispositif « Jeunes talents mahorais », qui permet à ces sportifs d'intégrer le CREPS de La Réunion. Depuis cinq ans, une vingtaine de jeunes ont été recrutés : 5 sportifs sont actuellement au CREPS, et les retours d'expérience sont positifs.
J'ai toujours associé le sport de haut niveau et la pratique du sport partout, pour tous et tout au long de la vie. Mon ministère est celui des sports, pas des fédérations olympiques et paralympiques. Je souhaite créer un équilibre, et non une opposition. Nous mettrons ainsi tout en oeuvre pour que la France puisse compter 3 millions de pratiquants supplémentaires, en particulier des femmes. Il convient aujourd'hui de valoriser la pratique, car trop de femmes ne s'adonnent au sport qu'à titre curatif. Le 5 septembre dernier, nous avons créé la Commission du développement du sport, au féminin, dont les objectifs sont triples : la valorisation de la pratique, la médiatisation et la gouvernance du sport au féminin. Dans cette perspective, nous tiendrons le 5 février une conférence de presse au Conseil supérieur de l'audiovisuel.
La démocratisation du sport passe également par le développement de la pratique sportive chez les personnes en situation de handicap, qui est l'un des axes forts de ma lettre de mission. Cet objectif est d'autant plus important que la France connaît un réel retard dans ce domaine. En effet, sur plus de 34 millions de pratiquants, il n'y a que 80 000 licenciés en situation de handicap.
Dès la rentrée, le ministère de l'éducation nationale et celui des sports se sont consacrés à l'élaboration du label « Génération 2024 » pour développer la culture sportive. Nous espérons réunir une centaine d'infrastructures labellisées dès l'année prochaine. Notre but est d'ouvrir les infrastructures sportives des écoles primaires afin de valoriser les activités mixtes handi-valide, comme le cécifoot ou l'escalade. Plus de 300 000 enfants de l'enseignement primaire ne pratiquent aucune activité sportive. Avec ce label, nous pourrons ainsi optimiser ce temps de pratique pour inclure la différence, car la singularité de l'autre peut renforcer toute une équipe.
Dans la continuité de cette initiative, la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation a consacré l'activité sportive libre en milieu universitaire qui représente actuellement seulement 2 % de la pratique. Afin de pallier les problèmes d'infrastructures, nous avons élaboré avec les collectivités territoriales et l'Association des maires de France (AMF) un protocole dans le but de mutualiser les structures et permettre aux universitaires de faire du sport.
Enfin, nous souhaitons associer le monde de l'entreprise à notre démarche, car favoriser le bien-être et le vivre ensemble passe également par l'organisation du sport en entreprise. Il est primordial de valoriser davantage nos champions de handisport afin de faire évoluer les mentalités pour que les entreprises qui payent actuellement des amendes préfèrent embaucher des personnes en situation de handicap.
La ministre des solidarités et de la santé et moi-même avons sollicité l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l'Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) afin d'obtenir une cartographie des activités sport-santé. Dans le même temps, nous collaborons avec Public santé pour perfectionner notre projet en ce qui concerne le sport-santé, et notamment les maisons sport-santé-bien-être. Enfin, nous souhaitons mieux intégrer les instituts médico-éducatifs (IME), pour qu'après le cycle de la réathlétisation, nous puissions offrir des opportunités d'activité physique à ces personnes qui sont en situation de handicap.
Nos efforts de démocratisation du sport portent également sur le milieu carcéral, où nous travaillons en collaboration avec la Garde des Sceaux. Certaines fédérations, comme celle du judo, de la boxe, du taekwondo et du yoga, développent déjà des programmes sportifs en ce sens.
En définitive, ce qui sous-tend toutes ces initiatives, c'est la volonté partagée de réduire les inégalités liées à la pratique. Or, les inégalités en matière de pratique sportive se mesurent avant tout dans l'apprentissage de la natation chez les enfants. Ainsi, nous souhaitons consacrer 50 % du budget du Centre national pour le développement sportif (CNDS) aux quartiers prioritaires de la ville, en particulier pour valoriser la pratique du sport au féminin. 12 millions d'euros seront consacrés aux outre-mer, ainsi que 7 millions d'euros prévus dans le cadre du plan d'investissement. Nous travaillons pour cela en étroite collaboration avec l'AFD afin d'optimiser ces infrastructures.
Enfin, je considère que le sport doit être mis à l'honneur à travers des manifestations festives, comme la fête du sport qui se tiendra du 21 au 23 septembre prochains. Nous comptons y associer les médias, les acteurs économiques, ainsi que le ministère de la culture, pour que cette célébration soit relayée sur tout le territoire, et que nous puissions préparer les Jeux olympiques dès maintenant et tous ensemble.
J'aimerais revenir sur la formation. Nous menons conjointement avec le ministère du travail des actions de valorisation du travail des bénévoles. Nous voyons l'apprentissage comme un facteur d'excellence, et avons à ce titre lancé une concertation. Il existe une grande hétérogénéité des diplômes parmi les bénévoles du monde sportif : certains ont un bac+7, d'autres n'ont pas le baccalauréat, et il convient donc de trouver un équilibre afin que tous se sentent valorisés dans leur activité, et fiers de leur perspective professionnelle.
Sur la question du coût des déplacements, il existe des fonds prévus à cet effet. J'aimerais d'abord rappeler qu'à la fin de l'année 2017, le CNDS a financé des déplacements à hauteur de 814 000 euros, dont 300 000 euros consacrés aux déplacements des jeunes guadeloupéens disputant des compétitions de référence. Les jeunes de la Guyane, de La Réunion, ou encore de Mayotte peuvent également bénéficier d'une aide financière à travers le FEBECS, en collaboration avec le ministère des outre-mer. 50 % des crédits du FEBECS ont été consacrés au domaine sportif, et notre ministère contribuera à ce fonds à hauteur de 330 000 euros en 2018. Ce travail se fait en collaboration avec le ministère des outre-mer, et je prends d'ailleurs note de la proposition de Madame la sénatrice Nassimah Dindar d'utiliser les Assises des outre-mer pour renforcer la coopération interministérielle, à laquelle j'adhère.
Mais cette coopération doit être élargie à la contribution d'autres acteurs, que nous avons pu rencontrer sur le terrain, comme le Groupe Intersport du MEDEF en Martinique. Je souhaite inciter le tissu économique à suivre étroitement le mouvement sportif et la haute performance, dans l'optique de créer une stratégie cohérente à l'horizon 2024. À La Réunion, cela fonctionne déjà bien, et nous souhaitons implanter ce groupe en Guadeloupe également. Sur le territoire métropolitain, nous avons décidé de créer une Team des entreprises afin de mieux accompagner la carrière mais aussi la reconversion des sportifs, en valorisant la pratique à l'intérieur de l'entreprise. Notre objectif est triple pour les acteurs économiques : l'aide sur le territoire, l'aide au haut niveau et l'aide à la valorisation de nos programmes.