Madame la sénatrice, il m’est difficile de répondre à votre question sans penser à Olympe de Gouges et à sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Au fond, si, aujourd’hui, nous parlons ici, vous, moi-même et tant d’autres, c’est aussi parce qu’elle a dit : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». Mais je pense plus précisément à elle parce qu’elle a également explicité dans cette même déclaration que la rigueur de la loi pénale devait s’appliquer de la même manière aux hommes et aux femmes ; c’est une autre version du principe d’égalité.
Or la question que vous soulevez a précisément à voir avec ce principe d’égalité. Aujourd’hui, vous le savez, les femmes sont certes évidemment moins nombreuses que les hommes en détention – 3 000, avez-vous dit, sur 70 000 détenus, mais ce chiffre s’accroît constamment. Nous leur devons à la fois la dignité, le suivi du parcours de détention et la sécurité, bien sûr, pour la société, comme à tout détenu.
Nous héritons d’une situation que nous devons prendre en charge et à laquelle nous devons bien entendu trouver des réponses.
Cette situation est de nature immobilière. Vous l’avez relevé, à juste titre, les quartiers des femmes sont souvent situés dans des endroits vétustes – c’est aussi certes le cas pour les hommes, mais cela vaut particulièrement pour les femmes. Nous devons donc améliorer cet état de fait.
Par ailleurs, nous devons prendre en charge les questions spécifiques aux femmes, c’est-à-dire assurer le suivi, lorsque cela s’avère nécessaire, en période d’accouchement, puis dans les cellules mères-enfants le temps où les enfants leur sont laissés et nous préoccuper, enfin, du lien avec la famille bien entendu et de la réinsertion. Il convient donc d’opérer des évolutions majeures ; nous le savons et nous les prendrons en charge, dans le cadre de la réponse apportée il y a deux jours par le Président de la République à Agen.
Nous apporterons des réponses de nature immobilière. Je puis d’ores et déjà vous indiquer que, dans le nouvel établissement pénitentiaire qui ouvrira en 2020 à Lutterbach, un lieu sera réservé aux femmes, avec des conditions d’accueil tout à fait décentes.