Intervention de Édouard Philippe

Réunion du 8 mars 2018 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Situation à mayotte

Édouard Philippe :

Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Mohamed Soilihi, les Mahorais font entendre leur colère : ils sont inquiets pour leur sécurité, en premier lieu pour celle de leurs enfants, pour la sécurité dans les écoles.

Ils attendent des réponses. La première consiste évidemment à sécuriser les écoles, dès la rentrée de lundi prochain.

Toutes les dispositions ont été prises pour qu’aucun élève, aucun enseignant ni aucun agent travaillant dans les établissements ne soit menacé : trois escadrons de gendarmerie mobile sont en cours de déploiement sur l’île, ainsi que des agents de sécurité et des médiateurs de l’éducation nationale ; des forces supplémentaires arriveront mardi. Avec Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’intérieur, nous avons prévu une mobilisation totale des forces de l’ordre.

Cela n’est toutefois pas suffisant – vous avez raison. Il faut aller plus loin, car nos compatriotes attendent des réponses à la fois urgentes et rapides en matière de sécurité, mais aussi de lutte contre l’immigration clandestine, de santé, de logement et de transport.

Des réponses rapides et urgentes, monsieur le sénateur, à des problèmes qui ne sont pas récents. Je me suis procuré les chiffres, que j’ignorais, de l’explosion démographique que connaît Mayotte. Probablement trop méconnus, ils soulignent très clairement la difficulté considérable que nous avons à être à la hauteur de ces enjeux.

Ces chiffres, monsieur le sénateur, vous les connaissez bien, mais permettez-moi d’en mentionner quelques-uns pour l’ensemble de la représentation nationale : en 1918, voilà un siècle, Mayotte comptait un peu moins de 15 000 habitants ; en 1958, à l’avènement de la Ve République, l’île en comptait légèrement plus de 67 000 ; en 2002, 160 000, en 2007, 186 000 et en 2012, 212 000 ; en 2017, il y avait 254 000 habitants à Mayotte.

La vérité, monsieur le sénateur, vous la connaissez parfaitement, pour la vivre : l’explosion démographique à Mayotte, sous l’effet à la fois de l’augmentation du solde naturel et de l’immigration clandestine, est absolument considérable et tout à fait sans équivalent. En termes d’équipements publics, elle impose un effort véritablement inouï.

Je ne veux pas dire, monsieur le sénateur, que rien ne pourrait être fait ; simplement, je crois utile de rappeler que le mécontentement qui s’exprime aujourd’hui, et qui doit être entendu, parce qu’il est légitime, ne naît pas d’une situation récente, mais de la construction d’une situation qui donne le sentiment de ne plus être maîtrisable.

Comment nous proposons-nous d’y apporter des réponses ? En travaillant avec les élus sur l’organisation institutionnelle et l’organisation des politiques publiques qui permettent de définir des solutions.

Nous voyons bien la question, que vous avez mentionnée, de la maternité, qui enregistre plus de 10 000 naissances par an, soit deux fois plus que la plus grande maternité parisienne. Comment traiter cette question ? Doit-on s’autoriser à travailler sur un nouveau statut de cette maternité ? Réfléchir aux transformations qu’il faudrait opérer en matière de droit et d’accès à la nationalité à cet endroit ?

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