L'exposé remarquable d'Élise Massicard a soulevé de nombreux points précis, tout en mettant la question kurde au centre de la problématique politique actuelle de la Turquie.
La question kurde ne relève pas uniquement de ce qui se passe en Syrie, mais aussi de ce qui se passe en Turquie, qui compte sur son territoire le plus grand nombre de Kurdes dans la région. C'est de là qu'est parti le problème.
Je me propose de dresser ici une synthèse des relations extérieures de la Turquie et de resituer la Turquie dans son environnement régional.
Lorsque je dois intervenir au sujet de la Turquie, je fais toujours un point méthodologique. Nous avons demandé que cette intervention ne soit pas filmée. Il faut que vous soyez conscients que, pour tous les analystes comme pour tous les journalistes qui travaillent sur la Turquie, les risques de pression sont de plus en plus importants. Les menaces sur les réseaux sociaux sont fréquentes.
Je ne demanderai pas que certains points ne figurent pas au compte rendu, parce que nous sommes là pour nous exprimer et que nous n'aurions pas sans cela accepté de le faire, mais sachez que nous travaillons sous tension. Je pense que vous avez pu vous en rendre compte au moment de la visite de Tayyip Erdoðan à Paris, au moment de cette séquence spectaculaire de la conférence de presse où, aux côtés du président Macron, le président turc a laissé libre cours à sa colère contre un journaliste qui lui posait une question sur les relations extérieures de la Turquie.
Ceci étant dit, il est de plus en plus compliqué de problématiser les ambitions diplomatiques de la Turquie dans son environnement régional, au Moyen-Orient. Élise Massicard a traité la question des relations de la Turquie avec l'Union européenne. Ceci est bien sûr également lié.
On a le sentiment d'un pays dont la diplomatie est plus réactive que prévisible. On a moins de planification que de coups opportunistes successifs et de tentatives de conserver sous contrôle une situation qui se dégrade, aussi bien en Turquie que dans l'environnement régional, les conflits se multipliant au Moyen-Orient.
Pour achever cette introduction, j'ai relevé les points sur lesquels la Turquie a été interpellée ces deux ou trois derniers jours.
Des propos ont été échangés avec Israël, qui a accusé la Turquie de complicité avec le Hamas, dont elle accueillerait sur son territoire des responsables, les laissant organiser leurs activités politiques et militaires.
Au large de Chypre, la Turquie a barré le passage à un navire d'exploration pétrolière italien.
D'autres incidents ont eu lieu cette semaine à l'OTAN, à Bruxelles, lors d'échanges musclés avec la Turquie.
Rex Tillerson, secrétaire d'État américain, en marge d'une conférence à Koweït, a déclaré que l'intervention de la Turquie à Afrin mine les efforts de la coalition contre Daech.
Un incident avec la Grèce a eu lieu hier entre deux patrouilleurs, qui se sont heurtés au large d'un îlot contesté par les deux pays en mer Égée.
En Libye, une réunion politique a abouti à une mise en cause de la Turquie par la faction opposée aux Frères musulmans, qui a accusé la Turquie de soutenir une partie des belligérants et d'oeuvrer contre le processus de réconciliation dans ce pays.
Ceci illustre le niveau de tension qui affecte à l'heure actuelle la définition de la diplomatie turque et son action dans son environnement immédiat - qui compte aussi l'Europe - et un peu au-delà, la Libye faisant partie de la zone d'influence ou d'intervention de la Turquie.
Comment expliquer ce tournant et ces tensions persistantes ? Je souhaite souligner que, d'une part, la politique étrangère de la Turquie a pris un tour de plus en plus nationaliste et d'autre part ce pays souffre d'un syndrome de toute puissance. Je reviendrai ensuite sur les conséquences de cette situation pour les alliances de la Turquie et leur recomposition.
La politique étrangère de la Turquie est de plus en plus nationaliste. Le tournant remonte à plusieurs années, mais cette tendance s'est fortement accentuée après la tentative de coup d'État militaire de l'été 2016. C'est le contexte dans lequel il faut également comprendre l'intervention d'Élise Massicard.
La politique étrangère de la Turquie reflète une sorte d'isolement mental croissant de ce pays qui s'est senti, au moment de cette tentative de coup d'État, abandonné par ses alliés. Le pouvoir, aujourd'hui tout puissant, a ensuite puissamment rappelé à l'ordre les institutions et discipliné le champ politique.
Le régime se sent en fait menacé, fragilisé. Pour dépasser cette fragilité, il fait appel au sentiment nationaliste de façon très large, et gouverne avec une majorité nationaliste ; islamiste d'inspiration, l'AKP au pouvoir s'allie ponctuellement avec le camp de la droite nationaliste. Cela explique que les Kurdes ne fassent plus partie des centres d'intérêt de l'AKP, étant l'un des points de fixation traditionnels des théories du complot en cas de crise interne, lorsqu'il s'agit de dénoncer l'ennemi intérieur, devenu également extérieur en Syrie.
On a donc en Turquie une pression interne extrêmement forte et une montée du nationalisme remarquable, orchestrée par l'AKP de façon très claire, avec des moyens de propagande et de surveillance de plus en plus forts de l'expression de toute forme d'opposition.
J'échange régulièrement avec différents collègues turcs qui ne sont pas forcément pro-AKP. Un certain nombre d'entre eux refuse désormais de s'exprimer, car toute conversation avec l'extérieur est devenue potentiellement dangereuse pour eux.
Quand on évoque la présence de la Turquie dans l'OTAN ou l'opération turque à Afrin, y compris sur des réseaux censés être sécurisés, on expose à une menace directe nos collègues turcs avec lesquels on pouvait travailler sur ces questions de manière tout à fait normale dans le passé, ce qui rend également le travail d'analyse de plus en plus difficile lorsqu'on est hors de Turquie.
Pour comprendre la façon dont la définition des cycles d'intervention de la politique étrangère turque a changé, il faut admettre que cette politique a, depuis une quinzaine d'années, de grandes ambitions diplomatiques et qu'elle s'est redéployée dans son environnement régional, mais aussi au-delà.
Aujourd'hui, un des lieux d'activité diplomatique - pour ne pas dire d'activisme - les plus importants de la Turquie est l'Afrique. C'est le continent d'où viennent les bonnes nouvelles pour la Turquie à l'heure actuelle. Le pays a pratiquement réussi son entreprise de reconquête des gouvernements africains, qui était assez compliquée après la tentative de coup d'État de 2016. Le but était de mettre fin à l'influence du mouvement Gülen en Afrique. Cela a pris beaucoup de temps, mais la Turquie a aujourd'hui beaucoup avancé vers la réalisation de cet objectif.
Les grandes ambitions diplomatiques de la Turquie ont ensuite été malmenées, probablement du fait de deux paramètres majeurs que sont l'éclosion des printemps arabes et le chaos qui s'est ensuivi au Moyen-Orient, qui a énormément compliqué la tâche de la Turquie.
Les tensions avec l'Union européenne ont également mis à mal le projet européen, ainsi qu'Élise Massicard l'a fort bien expliqué.
On a donc aujourd'hui une redéfinition des intérêts extérieurs de la Turquie sur des lignes plus strictement nationalistes, qui peut expliquer les points chauds que je mentionnais en introduction, avec le retour des tensions gréco-turques, un président qui a affirmé il y a quelques mois qu'il considérait le Traité de Lausanne comme caduc, car cet accord était mauvais pour la Turquie. Il ne s'agit donc plus seulement du syndrome de Sèvres, nous entrons tout bonnement dans une zone de révisionnisme historique.
L'autre point de tension est constitué par Chypre, traditionnellement l'un des dossiers de crispation de la politique étrangère turque. Les difficultés entre les Chypriotes turcs et le gouvernement de l'AKP donnent lieu à des déclarations assez martiales de la part de ce dernier. Quant au dossier kurde, troisième point de mobilisation traditionnel pour les nationalistes turcs, il est au coeur de l'imbroglio syrien.
S'agissant du syndrome de toute-puissance, la question est de savoir si la Turquie agit au-dessus de ses moyens dans son environnement régional. Elle a une ambition de puissance très claire dans cette région, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ceci est-il crédible ? Le test sera-t-il positif au Moyen-Orient ?
Premier constat : la Turquie vit au-dessus de ses moyens. Élise Massicard a parlé de la dégradation de l'économie turque. Nous avons tous été surpris de constater les chiffres mirobolants de croissance que la Turquie a affichés l'année dernière. Il y a deux explications à cela. J'ai énormément de discussions avec des économistes politiques à propos de la Turquie et l'Ifri a récemment travaillé sur la façon dont les agences de notation financières apprécient le risque turc.
La Turquie a toujours énormément eu besoin de financements extérieurs, faute d'épargne et de ressources naturelles. Elle pâtit d'un déficit courant structurel. Aujourd'hui, l'essentiel du financement extérieur de la Turquie est fourni par des capitaux financiers flottants. Il s'agit en effet d'un pays où les capitaux peuvent « entrer » et « sortir » facilement.
Cela signifie que les équilibres extérieurs de la Turquie sont extrêmement fragiles. La croissance est soutenue par des efforts du gouvernement pour accompagner le secteur de la construction et gonfler artificiellement le crédit, ainsi qu'Élise Massicard l'a souligné.
Il est permis aujourd'hui de se poser des questions sur la fiabilité des statistiques de croissance turques, qui affiche au troisième trimestre 2017 une croissance de 8 % ou 9 % (par rapport au même trimestre l'année précédente), dans un contexte où les investissements extérieurs sont moins nombreux, où les débouchés commerciaux se sont réduits d'eux-mêmes d'une part à cause de la crise économique européenne et d'autre part à cause de toutes les difficultés que la Turquie rencontre sur les marchés du Moyen-Orient.
On peut aussi expliquer cette croissance par des transferts qui ne sont pas traçables. La Turquie est un pays qui concentre aujourd'hui une économie de trafics liée à la crise syrienne, mais aussi aux dérivés de la crise au sein du CCG, entre les pays du Golfe. Il est probable qu'il y a eu l'été dernier des transferts massifs d'argent depuis certains pays du Golfe, plus particulièrement le Qatar, que la Turquie a soutenu au moment de la crise avec l'Arabie saoudite.
La crise syrienne soutient également paradoxalement l'économie turque. On a en effet en Turquie entre 3,5 millions et 4 millions de réfugiés syriens qui sont employés à bas prix dans les industries de main-d'oeuvre qui subissait une pression en raison de la hausse des coûts salariaux. Celles-ci enregistrent aujourd'hui une baisse de leurs charges grâce à l'emploi massif et illégal de réfugiés syriens.
Pour évaluer la solidité de la puissance turque, il faut aussi se pencher sur la question des moyens de l'armée et des services de sécurité, ainsi qu'à la réorganisation de l'État après la tentative de coup d'État de 2016, les purges massives dans la police, la magistrature, l'enseignement, la diplomatie ayant indéniablement désorganisé ces différents secteurs, tout en permettant de les placer sous le contrôle direct du président.
D'une certaine façon, on a gagné en efficacité du point de vue de l'organisation politique et administrative. Toutefois, qui est aujourd'hui capable de « faire le job » en Turquie en matière de diplomatie ? À l'heure actuelle, beaucoup d'ambassades turques travaillent en sous-effectifs du fait de la purge qui a affecté leurs personnels civils et militaires. S'agissant de l'armée, le journal Le Monde estimait notamment l'année dernière qu'entre 60 % et 80 % des personnels turcs employés dans les instances de l'OTAN avaient été écartés à la suite de la tentative de coup d'État.
Cela ne signifie pas qu'il n'a pas été possible de les remplacer par des militaires compétents ou capables, mais les administrations travaillent malgré tout dans un climat de peur qui ne facilite pas une interaction stable ni une prise de décision rationnelle à moyen terme.
Pour ce qui est du syndrome de toute-puissance, il est important de comprendre qu'au Moyen-Orient, les questions politiques se structurent essentiellement autour de conflits, soit qu'il s'agisse de guerres civiles, de conflits interétatiques ou de menaces de conflits interétatiques.
Or la Turquie passe ou veut passer - c'est le résultat d'une évolution amorcée par l'ancien ministre des Affaires étrangères turc - du statut de soft power au statut de hard power, la Turquie voulant à nouveau démontrer qu'elle constitue une puissance militaire dans la région.
Les deux derniers tests en date sont constitués par l'opération « Bouclier de l'Euphrate », qui a pris fin au bout de quelques mois l'année dernière en Syrie, et qui n'a pas été un franc succès, ainsi que la démonstration militaire entamée à Afrin contre les forces kurdes syriennes des Unités de protection du peuple (YPG).
Il est très important de comprendre ce nouveau profil militaire de la Turquie. Cela fait des années qu'on capitalisait sur l'idée que la Turquie était une puissance militaire, la deuxième armée de l'OTAN dans la région. Dans les faits, les forces turques n'étaient pas intervenues hors du territoire turc pour des opérations de combats militaires depuis la guerre de Corée et la crise de Chypre en 1974. Une sorte de doute planait ainsi sur la capacité de la Turquie à intervenir au-delà de ses frontières. Du point de vue de l'OTAN, l'opération « Bouclier de l'Euphrate » n'a pas été considérée comme un succès. Afrin constitue donc aujourd'hui pour la Turquie un nouveau test, très important.
La Turquie peut-elle faire la différence au Moyen-Orient ? Ne doit-elle pas être considérée, ainsi que nous l'avions développé lors d'une conférence que nous avons tenue il y a quelques mois à l'IFRI, comme un spoiler ? La Turquie intervient sur différents dossiers en fonction de ses intérêts propres et n'agit pas comme un stabilisateur au Moyen-Orient. Si elle a certes des ambitions de leadership sur la région, celles-ci se manifestent par une vision inspirée par le néo-ottomanisme, étiquette contre laquelle les Turcs ont longtemps protesté, mais qu'ils revendiquent aujourd'hui. Le pays a également des ambitions de leadership religieux, même si elles apparaissent exagérées : la Turquie ne produit pas de théologie, n'a pas réellement de légitimité pour aborder les questions religieuses, mais la façon dont religion et politique interagissent au Moyen-Orient donne à nouveau à la Turquie des points d'entrée, car le régime se réclame de l'Islam.
Je pense notamment à la question de Jérusalem, à propos de laquelle Tayyip Erdoðan s'est posé en leader après le mouvement américain de reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'État d'Israël. Il a convoqué en urgence à Istanbul un sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), dont la Turquie exerce la présidence tournante. Les Saoudiens, qui en sont pourtant les « patrons », ont envoyé des représentants de faible niveau, et c'est le président iranien Rohani qui y a émis un appel à la solidarité musulmane. On est là à front renversé sur des dossiers qui mettent à mal toutes nos tentatives de structuration du Moyen-Orient sur le clivage entre sunnites et chiites et sur la façon dont les luttes de pouvoir s'organisent au sein du sunnisme même.
Conséquence de ces évolutions, la Turquie devient un partenaire de plus en plus difficile pour ses alliés. Cela ne concerne pas seulement les Européens ou les Américains, mais aussi ses autres, nouveaux amis. Cette difficulté provient d'abord de ce qu'on pourrait qualifier d'ambivalence méthodologique de la Turquie dans son approche diplomatique.
La Turquie souhaite depuis un certain nombre d'années parler à tout le monde. Or il est évident qu'au Moyen-Orient, c'est de plus en plus difficile. Cette façon de se poser en médiateur, dans des conflits où la Turquie est en fait juge et partie, ne fonctionne plus.
La crise au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), par exemple, illustre très bien l'échec de ce positionnement méthodologique de la Turquie : au moment où le camp saoudo-émirati-égyptien a décidé de remettre de l'ordre dans les ambitions extérieures du Qatar et de faire savoir que c'était lui qui allait fixer la ligne des évolutions politiques régionales, la Turquie a prétendu se poser en médiateur, alors que le Koweït avait déjà entamé une médiation entre les deux camps au sein de la péninsule arabique. La Turquie de son côté est proche du Qatar. Elle y a récemment ouvert une base militaire, et l'émir du Qatar a été le premier chef d'État étranger à appeler Tayyip Erdoðan pour le féliciter après l'échec de la tentative de coup d'État de 2016. Lorsque les Turcs ont souhaité être reçus par les équipes saoudiennes après le déclenchement de la crise au sein du CCG, ils ont ainsi essuyé un refus durant plusieurs mois. Se présenter en médiateurs ne pouvait fonctionner sur ce dossier à partir du moment où ils étaient considérés comme alignés sur l'un des camps.
La perte de confiance avec les alliés occidentaux est par ailleurs extrêmement claire. Le plus important pour l'avenir seront les relations avec les États-Unis et l'OTAN. Aujourd'hui, dans l'opération menée en Syrie, les Turcs ont menacé de tirer sur des soldats américains s'ils en trouvaient sur leur chemin à Manbij. Les objectifs de l'opération turque en Syrie ne sont pas très clairs. Rex Tillerson a déclaré hier que la Turquie agissait à l'encontre de l'efficacité de la coalition contre Daech en Syrie. Il se rend en Turquie cette semaine. Il va falloir surveiller de près la façon dont les entretiens diplomatiques se poursuivront.
En parallèle, les nouvelles amitiés de la Turquie sont plutôt instables. On parle beaucoup du rapprochement entre la Turquie et la Russie, qui est un paramètre extrêmement important pour comprendre la crise syrienne et, au-delà, les conflits de puissance au Moyen-Orient.
En réalité, on peut considérer que la Turquie n'est pas le partenaire dominant dans la relation avec la Russie, dont elle dépend énormément économiquement. On a établi que l'économie turque est aujourd'hui plutôt faible. On peut expliquer l'intervention turque à Afrin par le fait qu'Ankara a été embarquée par les Russes dans une tentative de stabilisation en Syrie contredisant finalement totalement ses objectifs de départ. La Turquie a fait partie des processus d'Astana et de Sotchi, et une nouvelle rencontre est prévue à Astana entre les ministres des affaires iranien, turc et russe au mois de mars. La Turquie s'est ainsi retrouvée dans le camp pro-Assad, dont elle était l'ennemi déclaré depuis le mois d'août 2011. Il est possible que l'opération turque à Afrin soit destinée à rétablir une forme d'équilibre avec la Russie et poser les limites de ce que la Turquie peut accomplir ou acceptera de faire en Syrie en fonction de ses intérêts nationaux.
J'ai déjà fait allusion aux autres amitiés instables de la Turquie : brouille puis réconciliation spectaculaire avec Israël l'année dernière, nouvelle dégradation de ces échanges, relations avec l'Iran extrêmement ambivalentes. L'Iran est toujours prêt à jouer la carte kurde contre la Turquie et ne tolérera pas que les Turcs agissent trop fortement contre Bachar al-Assad. Or l'armée loyaliste syrienne et les troupes de Bachar al-Assad profèrent en ce moment même des menaces explicites à l'encontre de la présence turque en Syrie.
On peut encore citer, au nombre des amitiés instables de la Turquie, un « flirt » assez poussé avec l'Arabie saoudite il y a quelques années, qui s'est dégradé cette année. Les Émirats arabes unis ont été le premier pays arabe à dénoncer l'intervention turque à Afrin, expliquant qu'on ne pouvait tolérer une présence étrangère dans un pays arabe, considérant que c'était la porte ouverte à toutes les interférences extérieures.
En conclusion, l'opération à Afrin, qui est un « sac de noeuds » sur lequel il faudrait se pencher plus précisément, illustre très bien les différents paramètres que j'ai énumérés dans mon intervention.