Intervention de Hakim El Karoui

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 8 mars 2018 à 8h30
Audition de M. Hakim El karoui consultant auteur de la lutte des âges comment les retraités ont pris le pouvoir

Hakim El Karoui :

Une chose est certaine, il faut augmenter le nombre d'actifs. C'est un point très structurant.

Le viager, en soi, ça ne marche pas. Il y a une solution plus intelligente, qui a commencé à être testée par la Caisse des Dépôts, c'est le viager intermédié, où un fonds achète des logements et où l'on investit par l'intermédiaire du fonds. Cela veut dire qu'on ne parie pas sur la mort de celui qui a mis son bien en viager. Le fonds possède beaucoup de biens et donc on perd le caractère personnel du lien entre le vendeur et l'acheteur. Cela marche aux États-Unis et a été un peu testé en France, pas beaucoup. Je pense que c'est un élément important car il faut pouvoir répondre à la question du financement du cinquième risque. C'est une façon de mettre de la liquidité dans un patrimoine, avec une forme de neutralité qui désamorce ce côté très désagréable du viager.

La fiscalité des donations est un sujet très important qui doit être pensé parallèlement à la question de la liquidité du patrimoine à un âge plus avancé. Aujourd'hui, on hérite à 52 ans en France. C'est beaucoup trop tard. À cet âge-là, l'argent dont on hérite, on va le placer pour sa retraite. L'âge moyen de la donation, c'est 40 ans, un âge où la capacité d'investissement, y compris dans l'immobilier, est plus importante. Je pense qu'il faudrait pénaliser beaucoup la fiscalité sur la succession et à l'inverse, baisser autant qu'on peut la fiscalité sur la donation, pour encourager la transmission du capital plus tôt entre les générations. 52 ans c'est vraiment trop tard. Mais c'est compliqué car personne n'aime les impôts, les impôts sur les successions particulièrement. Il faut cependant faire ces deux réformes en même temps et expliquer le mécanisme.

Sur les aspects sociologiques des nouvelles générations, je suis assez ignorant, je n'ai pas travaillé dessus. Je ne pourrai rien vous dire d'intéressant, je pense que je n'aurais pas de valeur ajoutée.

Sur la solidarité entre les générations, c'est quelque chose qu'on entend beaucoup. Cela pose deux problèmes. Les grands-parents s'occupent des petits-enfants, c'est très bien sauf que ce n'est pas monétisé. J'avais calculé les transferts dans un sens et dans l'autre : des actifs vers les retraités, c'est 20 % du PIB, soit entre 420 et 450 milliards d'euros ; dans l'autre sens, je crois qu'on était à 5 %.

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