Intervention de Hakim El Karoui

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 8 mars 2018 à 8h30
Audition de M. Hakim El karoui consultant auteur de la lutte des âges comment les retraités ont pris le pouvoir

Hakim El Karoui :

Oui. Ce sont les cotisations qui financent les dépenses sociales ! Je vois ça en macro, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de valeur dans le lien entre les générations. Mais il n'y a pas l'équivalent de 300 milliards d'euros de transferts de la part des retraités qui s'occupent de leurs petits-enfants le mercredi ou le week-end. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de solidarité, que cette solidarité n'est pas importante : le système social n'est pas qu'un système financier, tout cela est évident et c'est vrai que les retraités aujourd'hui s'occupent beaucoup plus de leurs enfants et de leurs petits-enfants - leurs enfants, par un transfert financier. Pourquoi cela n'existait pas il y a trente ans ? Parce que l'argent n'était pas chez les retraités. Il y a des transferts financiers des retraités vers leurs enfants actifs qui n'ont pas assez d'argent, il y a des transferts via l'engagement social et personnel vers les petits-enfants mais on est très loin du compte si on essaye de monétiser tout cela.

Le deuxième élément, c'est que c'est un système extraordinairement inégalitaire. Quels sont les retraités qui aident leurs enfants et leurs petits-enfants ? Ceux qui le peuvent. Or, on avait décidé, et c'est la justification du montant énorme des cotisations, de socialiser ce risque-là. Là, on est en train de le privatiser. Je ne crois pas que ce soit la réponse. Ça ne veut pas dire que ça n'existe pas, mais je ne crois pas que ce soit la réponse.

Sur les retraités agricoles, oui, tous les retraités ne sont pas riches. C'est une évidence. Mais c'est important de raisonner en termes de catégories générales, tout simplement parce que l'organisation du système social est faite ainsi. Il y a la catégorie des actifs et la catégorie des retraités. Je pense qu'il faudrait qu'il y ait une solidarité intra-générationnelle beaucoup plus importante. Mais on ne peut pas continuer avec un système qui prend autant d'argent aux actifs, qui créé des problèmes de compétitivité énormes pour tout le monde, car à la fin c'est le système dans son ensemble qui est à risque, surtout quand on prend en compte la situation des prochaines années. Il y a un moment où il faut mettre les chiffres à plat, même s'il ne faut pas réduire le sujet aux chiffres, je suis d'accord.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion