Intervention de Yannick Vaugrenard

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 8 mars 2018 à 8h30
Audition de M. Hakim El karoui consultant auteur de la lutte des âges comment les retraités ont pris le pouvoir

Photo de Yannick VaugrenardYannick Vaugrenard :

Je n'ai pas forcément de question à poser mais plutôt des remarques à faire. D'abord, merci de toutes ces informations chiffrées et macro que vous apportez. Votre expression est politique. Je ne dis pas qu'elle est politicienne, elle est politique. À partir du moment où elle est politique, c'est logique que nous réagissions politiquement. À partir des informations que vous nous avez données, je suis convaincu que quelles que soient nos orientations politiques par ailleurs, nous serons contraints d'avoir du courage politique. Et le courage politique - j'ai déjà eu l'occasion de l'exprimer ici - c'est de ne pas uniquement avoir des orientations politiques en pensant à ceux qui se déplacent pour voter, donc les retraités, mais aussi en fonction de ceux - les jeunes, mais pas seulement - qui sont découragés par notre système démocratique et républicain, pour différentes raisons parfois très subjectives, mais c'est un fait que nous pouvons constater. Donc, avoir des orientations politiques en fonction de ceux qui ne se déplacent pas pour voter, me parait extrêmement important, difficile et délicat.

Mais on ne peut pas considérer aujourd'hui que c'est la lutte des âges, ou le fait de traiter la lutte des âges, qui règlera le problème de notre société. Bernard Arnault, me soufflait mon voisin, est retraité. Mais il y a des retraités qui, de plus en plus, vont au Secours Populaire ou aux Restos du Coeur. Donc il y a cette forme de lutte des classes, je ne trouve pas d'autre expression. Elle a toujours existé et elle existera encore, indépendamment des problèmes générationnels qui sont objectivement posés. Pour autant, je suis convaincu par ce que vous venez de dire, à savoir que nous serons probablement obligés de faire des propositions pour augmenter le temps de travail, le temps de vie active, à partir du moment où l'espérance de vie est beaucoup plus importante maintenant après l'âge de la retraite qu'il y a vingt ou trente ans. Mais on voit bien tout de suite ce qui nous sera opposé, le taux de chômage élevé. Ce n'est donc pas si simple. C'est pour cela qu'il faut faire preuve d'une certaine humilité mais aussi de courage politique.

Enfin, vous avez dit qu'il serait inéluctable que les assurances privées augmentent. Non. C'est un choix politique. Ce sera un choix à faire par les représentants du suffrage universel et ce n'est pas quelque chose de scientifique qui s'imposerait à nous. Enfin, je fais partie, comme d'autres parmi nous, de la génération « mai 68 », où la liberté sous toutes ses formes, était très vaste et nous en avons gaiment profité. Sauf que la génération actuelle a beaucoup plus de raisons de se révolter et de protester que nous en avions en 1968. Ce qui m'interroge, m'inquiète et m'interpelle, d'une certaine manière, même si ça peut paraître confortable momentanément pour nous, c'est précisément qu'elle ne se révolte pas... parce qu'elle est en droit de se révolter.

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