Je remercie Pierre Vimont d'avoir accepté cette audition devant nos deux commissions. Nous avons souhaité vous entendre, monsieur l'ambassadeur, car nous sommes inquiets pour l'avenir de nos réseaux culturels à l'étranger.
Cette inquiétude est paradoxale, alors que la France a été désignée nation « la plus influente du monde », dans un classement international récent. Notre diplomatie culturelle bénéficie en effet de l'image de la France, ancrée dans son histoire, véhiculée par son patrimoine et la richesse de ses talents. Nous bénéficions aussi, il faut le reconnaître, du repli de certains de nos partenaires, tentés par des formes diverses de protectionnisme.
Mais nous percevons plusieurs signaux d'alerte.
Tout d'abord, les moyens publics de nos réseaux culturels reculent depuis plusieurs années. Des partenaires privés prennent en partie le relais, mais le mécénat a ses limites, et ne présente aucune garantie à long terme. À cela viennent s'ajouter, pour le réseau public, des incertitudes juridiques, portant sur le statut d'autonomie financière des établissements culturels.
Ensuite, la gouvernance du réseau culturel est remise en cause, provoquant une crise de confiance, au sein du réseau associatif. Cette crise de confiance, plus grave encore que le problème financier, a des effets déstabilisants.
Enfin, notre diplomatie culturelle est soumise à forte concurrence. La politique d'influence est en effet devenue une composante essentielle de toute diplomatie. De nombreux pays l'ont compris, sur tous les continents, et certains consacrent des moyens considérables au déploiement de leur langue, de leur culture et de leurs valeurs à l'étranger.
Dans ce contexte, nous sommes très heureux de pouvoir recueillir ce matin votre propre diagnostic et vos orientations, à la suite de la mission qui vous a été confiée.
Je précise que cette audition est filmée et retransmise sur le site internet du Sénat.