Je ne suis pas qualifié pour répondre à certaines de vos questions, comme celle portant sur les ventes immobilières. Vous avez parlé de la solution pragoise, monsieur Le Gleut. Il existe un exemple plus ancien, qui a connu un grand succès : la solution londonienne. L'Institut français du Royaume-Uni, lorsqu'il était dirigé par Olivier Poivre d'Arvor, s'est lancé dans une grande politique d'ouverture vers le public. Il faut regarder au cas par cas le « marché » de chaque pays.
Pour ce qui concerne la réserve parlementaire et la procédure qui doit être mise en place, je ne peux pas vous donner une réponse précise.
L'idée du chèque éducation est intéressante pour les enfants de nationalité française nés à l'étranger qui n'ont pas appris le français. On y réfléchit actuellement. Je rappelle que le Président de la République doit annoncer prochainement un plan pour la promotion de la langue française.
Je suis frappé par la baisse d'influence du français dans des pays où notre langue occupait autrefois la première place. On me dit que l'une des raisons en est la diminution de la qualité de l'éducation et de la formation des professeurs locaux. Notre réseau touche environ un million d'apprenants. Au-delà de ce réseau, les chiffres sont bien plus considérables : 150 millions d'apprenants potentiels ou en cours d'apprentissage dans le monde. C'est là que doit porter notre effort, notamment en termes de formation des enseignants. Nos établissements scolaires de l'AEFE peuvent représenter un véhicule important pour réaliser cet objectif.
En Asie en revanche, et notamment en Chine, il existe une forte demande d'apprentissage du français.
Plusieurs d'entre vous ont souligné qu'il serait illusoire de penser que les alliances françaises accepteraient une tutelle renforcée de l'État. J'en suis bien d'accord. Ma proposition visait à ce que, dans cette relation naturelle qui doit exister entre l'ambassadeur et les alliances françaises, l'ambassadeur soit plus actif et établisse davantage de contacts avec les présidents et les directeurs du réseau. Il ne s'agit pas de changer la gouvernance telle qu'elle existe à l'heure actuelle ou de transformer le statut des alliances. Il faut les conserver telles qu'elles sont, avec leur richesse, et ne pas remettre en cause ce dynamisme, lequel est parfois plus fort que celui du réseau de l'État, affecté par les baisses considérables de crédits publics. Ces baisses doivent cesser ; à défaut, une grande partie de notre action culturelle extérieure sera profondément déstabilisée. Je ne veux en aucune façon imposer aux alliances une quelconque chape de plomb.
Si je souhaite la transformation de la Fondation Alliance française en une structure plus souple - association d'utilité publique ou autre -, c'est pour que perdure l'autonomie du réseau. Mais il ne s'agit pas de la faire passer sous la tutelle de l'Institut français ou de l'Alliance française Paris Île de France.
Je suis d'accord avec vous sur l'action extérieure des collectivités locales. Il faut travailler davantage au niveau local, en liaison avec les ambassades, les alliances et les instituts, plutôt qu'au niveau central. Très souvent, le ministère des affaires étrangères n'est pas informé de toutes les actions menées par les collectivités locales dans les pays tiers. On les découvre souvent par l'intermédiaire de nos ambassades, parfois sans que celles-ci aient été approchées directement.
Vous avez évoqué la relation entre l'Institut français à Paris, les instituts au plan local, les ambassadeurs, et la problématique décentralisation-recentralisation. La question qui se pose plutôt, selon moi, est celle de la création, ou non, d'une grande agence de l'action culturelle extérieure, dont le caractère serait très interministériel, qui volerait de ses propres ailes et pourrait devenir l'équivalent de l'Agence française de développement pour l'aide au développement. Ce projet a inquiété un certain nombre d'ambassadeurs et de diplomates, qui y ont vu le risque de perdre la main sur notre action culturelle extérieure, un instrument, selon eux, essentiel.
Tout ambassadeur sait que, outre son activité diplomatique, l'autre volet de son action est la coopération. Ils ont déjà eu le sentiment d'avoir perdu la main sur l'aide au développement ; ils ne voudraient pas la perdre sur l'action culturelle extérieure dans toutes ses dimensions - culturelle, linguistique, éducative ; d'où leur volonté de conserver un instrument sur lequel ils peuvent agir. Mon sentiment est qu'ils restent sur cette ligne.
Si nous voulons que l'Institut français soit l'instrument au service de l'action culturelle extérieure de l'État, il faut faire davantage d'efforts auprès de l'ensemble des partenaires ministériels - éducation nationale, enseignement supérieur, culture - pour qu'ils aient le sentiment que l'Institut est aussi leur maison ; ils pensent plutôt aujourd'hui que c'est la maison des affaires étrangères et des diplomates.
Vous avez raison, il n'y a parfois pas de mécènes dans les pays tiers. Il est facile d'en trouver aux États-Unis ; c'était même l'essentiel de notre apport financier dans ce pays. Dans les pays où les ambassadeurs et les conseillers culturels sont en mesure de trouver de l'argent, il faut leur demander de le faire et réserver l'argent public à l'action menée dans les pays où la richesse locale est très faible.