Sur l'efficacité des sanctions, les avis sont partagés, certains estimant que des producteurs russes ont trouvé des marchés, d'autres évaluant l'impact à un point de PIB. Oui, les sanctions gênent nos entreprises et c'est leur rôle d'essayer de les faire lever, de rester sur le marché russe, de « maintenir le dialogue envers et contre tout » pour reprendre les termes de M. Cambon.
Sur le « triangle » Russie-Inde-Chine, Ievgueni Primakov, qui fut ministre des affaires étrangères de Boris Eltsine et son dernier Premier ministre, avait élaboré sa doctrine dans les années quatre-vingt-dix, alors que la Russie n'avait pas le poids suffisant pour créer une dynamique ; mais l'idée a eu une postérité, elle a débouché sur le regroupement des « Brics » et leur premier sommet en juin 2009.
Faut-il s'inquiéter de l'effort militaire russe ? Vladimir Poutine a affirmé, le 1er mars dernier : « Ce n'est pas du bluff ». Par son agressivité militaire, la Russie ne cesse de tester les capacités de l'OTAN. La coopération nucléaire entre Delhi et Moscou dure depuis le début des années soixante, lorsque la Russie a aidé l'Inde à construire son outil militaire et nucléaire. Demain le principal marché d'exportation pour les systèmes d'armes, pour la France comme pour la Russie, sera l'Inde ; nos deux pays y sont en concurrence. L'Inde se prépare aussi à affronter les « routes de la soie » chinoises et entretient une coopération étroite avec le Japon, les Etats-Unis et l'Australie. La France veut de son côté construire un double partenariat stratégique, avec l'Australie et avec l'Inde... où Emmanuel Macron s'est rendu tout récemment.
Le débat nucléaire a ressurgi avec la crise nucléaire en Corée du Nord, le dialogue direct entre les dirigeants américain et nord-coréen et la remise en cause par les Américains du grand succès diplomatique qu'a représenté l'accord de juillet 2015 avec les Iraniens. Les acteurs du nucléaire sont aujourd'hui plus nombreux, et les doctrines russe, chinoise et américaine ont évolué. Pour nous, l'arme nucléaire est de pure dissuasion, une arme de non-emploi, et nous croyons que tout le monde partage notre grammaire : mais certains envisagent son emploi !