Intervention de Colonel Jean-Pierre Virolet

Commission d'enquête état des forces de sécurité intérieure — Réunion du 21 mars 2018 à 14h15
Table ronde d'associations de l'« entente gendarmerie »

Colonel Jean-Pierre Virolet, vice-président de l'Union nationale des personnels et retraités de la gendarmerie (UNPRG) :

Monsieur le président, je remercie la commission d'enquête d'avoir invité les associations membres de l'Entente Gendarmerie. Je parlerai au nom de l'Union nationale des personnels et retraités de la gendarmerie (UNPRG), qui représente de 30 000 actifs, retraités et sympathisants sur le territoire métropolitain et outre-mer. Nous publions un journal, L'Essor, que vous devez connaître.

Comme l'a déjà souligné le secrétaire général du Conseil supérieur de la fonction militaire (CFMG) lors de son intervention ici même, il y a trois types de difficultés : les effectifs, le budget et les missions. Je n'interviendrai que sur celles liées aux missions, en particulier en ce qui concerne la police de la sécurité au quotidien (PSQ).

Force est de constater que la gendarmerie a toujours été au contact et à proximité des citoyens selon des valeurs intrinsèques, fortes d'une pratique multiséculaire. Malheureusement, pour des raisons diverses et variées, ces valeurs se sont estompées (réductions d'effectifs, fermetures de brigades, accroissement des tâches, manque de crédits de fonctionnement...).

Le directeur général de la gendarmerie n'a pas attendu le récent discours du ministre de l'intérieur pour prendre des mesures qu'il convient de développer pour reconquérir les territoires abandonnés, en s'appuyant sur les brigades de contact qui constituent de véritables points d'ancrage. Ce dispositif a pour seule mission d'aller au contact de la population. Il doit être développé selon la méthode de la déconcentration et de l'intelligence locale. L'idée est de laisser la main aux unités de base pour trouver des solutions adaptées à chaque territoire.

Les relations entre les actifs et les retraités faisaient partie de nos fondamentaux, mais les choses ont malheureusement changé. Au cours d'un entretien le 12 décembre 2017 avec le DGGN, l'UNPRG a insisté sur le fait qu'il y avait plus de 100 000 retraités de la gendarmerie au niveau national et qu'ils peuvent être utiles pour des missions de renseignement. Il existe déjà des dispositifs : les voisins vigilants, des chartes dans certaines communes... Dans les Ardennes, une charte a ainsi été signée le 3 mars.

Combien de personnes pourront être ainsi mobilisées ? Un tiers des personnes qui sont parties ne reviendront certainement pas. D'autres sont prudents, mais je pense qu'il est possible de compter sur environ 30 000 à 40 000 retraités de la gendarmerie pouvant être utilisés comme agents de renseignement. Un référent d'active doit leur être assigné, ces postes devant être des emplois à temps plein afin de traiter la question correctement.

Des locaux (anciennes brigades, bâtiments communaux...) et du matériel sont aussi nécessaires. Il faut également développer les tablettes numériques : actuellement, un seul véhicule est équipé d'une tablette par unité, les autres gendarmes disposant uniquement de smartphones.

Il faut développer une filière dédiée au renseignement, qui inclue des formations et puisse devenir une dominante de carrière au même titre que le judiciaire. La détection des « signaux faibles » passe aussi par nos campagnes. Je rappelle que le département des Ardennes a été occupé pendant les dernières guerres et qu'il est un point de passage du terrorisme, notamment avec la Belgique ; des affaires récentes l'ont démontré. Il faut aussi recruter des analystes pour le traitement du renseignement.

Des expériences sont actuellement menées et il faudra évaluer la manière dont tout cela fonctionne, en particulier le sort réservé aux fiches de renseignement sécurisées.

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