Intervention de Isabelle Raimond-Pavero

Commission d'enquête état des forces de sécurité intérieure — Réunion du 21 mars 2018 à 14h15
Table ronde d'associations de l'« entente gendarmerie »

Photo de Isabelle Raimond-PaveroIsabelle Raimond-Pavero :

Je salue l'esprit de corps et le sens du devoir qui animent la gendarmerie et je souhaite vraiment lui rendre hommage. La population y est très sensible. J'ai bien entendu vos propos : le manque de moyens, les problèmes de logement...

Plusieurs outils, notamment informatiques, ont permis, me semble-t-il, de gagner en disponibilité pour les gendarmes. Le temps ainsi gagné peut-il être mis à profit pour les brigades de sécurité du quotidien ? Ces brigades sont très importantes, elles permettent un lien direct avec les élus et la population et elles contribuent au domaine du renseignement. Manque-t-il des effectifs pour réaliser pleinement ces missions ?

La gendarmerie a toujours été très innovante, on le voit aujourd'hui avec les brigades du numérique et celles qui travaillent sur les questions de cybercriminalité. Ces brigades disposent-elles des moyens pour remplir leurs missions ?

Général Edmond Buchheit. - Il n'est pas encore possible de mesurer tous les effets de ces changements. En ce qui concerne les brigades du numérique, elles vont évidemment être très utiles pour la population, mais ces nouveaux outils ne se traduiront pas forcément par un gain de temps pour les gendarmes. La lutte contre la cybercriminalité est également très importante et la gendarmerie est, là aussi, en pointe, mais le citoyen de base n'en verra pas directement les effets.

J'ajoute que la gendarmerie a toujours été en pointe sur les questions numériques et que les innovations proviennent le plus souvent de la base elle-même.

Général Jean Colin. - En ce qui concerne les effectifs, je note que 10 000 agents supplémentaires arriveront dans les cinq ans qui viennent, mais 7 500 pour la police et 2 500 pour la gendarmerie. Cette décision ne peut être que mal ressentie dans les brigades.

Jean-Pierre Sobol parlait tout à l'heure d'un déficit de 28 millions d'euros sur les réservistes. En fait, en 2018, il manque 43 millions au titre des dépenses de personnel, hors compte d'affectation spéciale. Le choix a été fait notamment de retarder l'incorporation de nouveaux effectifs, ce qui permet de « trouver » 15 millions, et de faire peser l'effort sur les réservistes à hauteur de 28 millions, soit 900 réservistes en moins sur le terrain chaque jour.

Au sujet des véhicules, deux programmes posent un véritable problème : le remplacement des bus de la gendarmerie mobile, environ un millier, n'est toujours pas prévu ; les véhicules blindés sont anciens et ils sont regroupés à Satory, sauf quelques-uns outre-mer, pour permettre d'utiliser les pièces de certains pour réparer les autres... Or, le contexte récent (Notre-Dame-des-Landes, Bure...) montre clairement que nous avons besoin de ce type de véhicules blindés.

Capitaine Renaud Ramillon-Deffarges. - Les prochains recrutements vont constituer un véritable défi, principalement d'un point de vue qualitatif. Aujourd'hui, la force du gendarme réside dans sa polyvalence : il patrouille, initie des procédures... Avec les évolutions technologiques, certains pourraient s'interroger sur cette polyvalence, qui a des conséquences en termes de recrutement et de formation. Personnellement, je crois qu'il faut la conserver.

Général Edmond Buchheit. - En ce qui concerne les véhicules blindés, j'insiste sur le fait que les réparations sont aujourd'hui faites avec des pièces prises sur d'autres véhicules... Malheureusement, cela ne diminue pas, par miracle, l'âge de ces pièces !

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