À la création de l'ANR, l'objectif était d'atteindre un budget de 1 milliard d'euros. Cet ordre de grandeur reste d'actualité. Pour financer tous les projets classés A+ et A, il nous manque environ 300 millions d'euros.
En matière de coopération européenne et internationale, nous agissons, d'abord, pour aider nos chercheurs à monter des projets européens. Les chercheurs français ont un bon taux de succès aux programmes-cadres européens, mais ce sont les moins nombreux à postuler. Un dispositif d'aide a été mis en place en 2015 et le taux de succès des projets maturés soutenus dans ce cadre est supérieur à 20 %, contre 10,6 % en moyenne en Europe.
Nous avons mis en place l'année dernière le dispositif « Tremplin ERC », pour aider nos chercheurs à accéder aux financements, très sélectifs, du Conseil européen de la recherche. Il bénéficie en particulier à de jeunes chercheurs classés, mais non retenus, auxquels l'ANR permet de développer leur projet et de postuler à nouveau ; à la deuxième tentative, beaucoup passent la barre au niveau européen.
En dehors des réseaux financés par le programme-cadre, des réseaux existent qui sont financés, en partie par l'Europe pour certains, mais surtout par les agences de financement des différents pays : les réseaux de programmation conjointe et les réseaux ERA-NET. L'ANR permet la participation d'équipes françaises à une trentaine de ces réseaux.
Au plan international, nous cherchons à conclure des accords avec d'autres agences de financement pour permettre à des équipes de chercheurs de développer des projets de coopération. Des discussions auront lieu à l'automne prochain dans les comités de préparation de la programmation pour dresser un état des lieux sur ce sujet et identifier les priorités de façon conjointe, car nous avons tout intérêt à avoir des stratégies convergentes.
L'open data et l'open access sont des sujets extrêmement importants et d'actualité. Jusqu'ici, la mise en archives ouvertes des publications résultant des travaux financés par l'ANR était une incitation ; la loi pour une République numérique et le contexte européen nous engagent à en faire une obligation. Il faut pour cela que les laboratoires aient le support nécessaire. Pour les archives ouvertes, il existe HAL (Hyper articles en ligne).
S'agissant plus globalement de l'open data, nous avons vocation à rendre accessibles tous les projets que nous avons financés depuis 2005. Il reste à bien définir avec les établissements la nature des données qui peuvent être rendues accessibles. Il faut aussi que nos bases de données soient bien organisées. C'est un gros chantier, auquel nous travaillons.
En ce qui concerne l'aide au montage de projets, l'ANR a eu tendance - je l'ai vécu en tant que bénéficiaire - à interagir un peu trop directement avec les laboratoires et pas suffisamment avec les institutions. Nous devons apporter toute l'aide nécessaire en amont, sans nous impliquer dans le montage lui-même, ce qui serait incompatible avec notre fonction d'évaluateur. En particulier, les formulaires doivent être simplifiés autant que possible. Par ailleurs, nous devons être connectés au système d'informations que le ministère est en train de développer.
Le conformisme est une réalité, en réponse à laquelle l'ANR a lancé il y a deux ans une initiative intéressante : un appel à projets spécifique, « OH Risque », ouvert à des projets qui n'avaient pas, ou très peu, de résultats préliminaires. Dix-neuf projets ont été sélectionnés dans ce cadre. Je trouve que cette formule mériterait d'être relancée.
Du fait de mon passé au CEA, NeuroSpin ne m'est pas inconnu... La difficulté qu'il y avait pour les laboratoires à financer des infrastructures sur la base de leur dotation ANR a été levée. D'autre part, les infrastructures nationales en biologie-santé ont bénéficié de financements dans le cadre des investissements d'avenir ; NeuroSpin est inclus dans France Life Imaging, qui a reçu 37 millions d'euros. Ces financements arrivent à échéance, mais un axe « Équipements structurants pour la recherche » figure dans le PIA 3.
Je comprends la question qui vous a été posée par les responsables de NeuroSpin, mais il serait compliqué de confier des appels à projets à différentes infrastructures... En revanche, des partenariats peuvent être mis en place avec d'autres financeurs. Ainsi, la Direction générale de l'armement nous confie l'organisation de ses appels à projets. Cette collaboration fonctionne bien et pourrait être étendue à d'autres domaines, avec d'autres ministères.
Pour ce qui est de l'enfance et de l'éducation, parmi la quarantaine d'axes que j'ai évoqués au début de mon intervention, l'un s'intitule : « Cognition, éducation et formation tout au long de la vie ». Dans ce cadre, quatre lignes sont ouvertes : « Capacités cognitives aux divers âges de la vie », « Innovation et pratiques pédagogiques », « Lutte contre l'échec scolaire » et « Mutations de l'enseignement supérieur ». Nous suivons tous ces sujets touchant à l'enfance et à l'éducation.