Intervention de Cédric Villani

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 5 avril 2018 à 9h40
Présentation par M. Cédric Villani de son rapport au premier ministre « donner un sens à l'intelligence artificielle pour une stratégie nationale et européenne » Audition conjointe avec la commission des affaires économiques de l'assemblée nationale

Cédric Villani, député, premier vice-président de l'Office :

Ces deux questions sont cruciales pour notre avenir, y compris à long terme.

Concernant la consommation d'énergie et l'environnement, il faut jouer sur tous les tableaux pour limiter la consommation d'énergie. Une première réflexion doit être menée sur les calculs eux-mêmes. En concentrant les calculs, à distance, dans un centre dédié, on peut être beaucoup plus efficace. Ce centre dégagera beaucoup de chaleur qui pourra être recyclée et cet environnement pourra être contrôlé, optimisé. Cette solution est préférable à une répartition très diffuse des calculs.

Il y aura aussi un travail à faire sur l'algorithmie et sur l'architecture informatique, y compris sur les puces. On va voir apparaître, par intérêt et par nécessité, de nouvelles générations de puces et de microprocesseurs, beaucoup plus économes et sans doute plus résilientes. Des recherches sont menées sur les puces neuromorphiques. L'IA a déjà fait évoluer, au niveau mondial, le débat sur les processeurs, car elle est, en effet, très gourmande dans ses versions actuelles en processus graphiques, les fameux GPU (Graphics Processing Unit) qui travaillent selon une forme de micro-parallélisme dans la gestion des informations. Des révolutions se feront certainement jour dans le secteur des microprocesseurs, guidées par les contraintes environnementales.

Le Président de la République a annoncé un effort de l'État à hauteur de 700 millions d'euros pour soutenir le développement matériel. Ce n'est que le début.

Dans l'autre mission qui m'a été confiée par le Gouvernement, sur l'enseignement en mathématiques, la formation des enseignants apparaît comme le premier facteur de progression. C'est là un véritable défi, qui s'inscrit dans un ensemble de mutations du système scolaire en cours et qui n'étaient que trop urgentes.

La mise en place d'un vrai enseignement en informatique a été annoncée. L'informatique pourra être choisie au bac comme une option lourde. Nous allons d'ailleurs devoir former beaucoup d'enseignants car, pour l'instant, 'leurs effectifs sont très insuffisants dans cette matière dans les lycées.

La mise en place d'un tronc commun de culture générale scientifique et informatique au lycée a également été annoncée. L'intitulé de ce cours d'« humanités scientifiques et numériques » pourrait évoluer, mais il s'agira d'un cours de sciences destinées à tous. Pour sa part, l'IA recoupe des connaissances spécialisées et non spécialisées. Notre interaction collective, notre rapport aux grandes plateformes, ce que peut faire ou ne pas faire un algorithme... Ce sont des connaissances pour tous qui devront aussi s'inviter dans le programme.

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