J’ajouterai que personne n’est dupe quant à la préparation de l’opération, dont la durée plutôt longue a permis de « soigner » la Russie, si je puis dire, et d’éviter ainsi une escalade. Nous en sommes tous bien conscients.
Ces précisions apportées, le RDSE est attaché à ce que la suite se déroule dans le cadre des préconisations de l’ONU et nous nous réjouissons de l’initiative française pour remettre au premier plan une action diplomatique en faveur de la paix.
Du processus de Genève aux négociations d’Astana, force est de reconnaître que les différents pourparlers sont en panne.
Or les centaines de morts liés aux attaques chimiques ne doivent pas occulter le chiffre plus effrayant encore de 350 000 victimes du conflit syrien recensées depuis 2011, dont plus de 100 000 civils.
Il y a donc urgence à demander un cessez-le-feu, car nous savons que la ville d’Idlib pourrait être la prochaine cible.
Il y a tout autant urgence à relancer les discussions dans un cadre qui prenne en compte toutes les nouvelles dimensions du conflit.
Tout d’abord, il apparaît clairement que le départ de Bachar al-Assad, qui a pendant longtemps constitué une condition des négociations avec l’opposition, ne peut plus en être une. C’est une ligne que la France a longtemps défendue, mais cela n’est plus possible depuis la reconquête de la Syrie utile par Damas avec l’appui des Russes. Pour autant, nous devons contraindre Bachar al-Assad à accepter des concessions.
Il conviendrait notamment de reprendre les idées du Small Group : l’élaboration d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections à travers le prisme de la réconciliation nationale, ce qui, bien évidemment, ne sera pas aisé. Reste que, sans cette réconciliation permise par une Constitution adaptée aux enjeux ethniques et confessionnels du territoire, ce sera la porte ouverte à une partition, ce qui n’est jamais souhaitable, justement à cause de cette diversité.
Le processus de paix passe aussi par l’apaisement des tensions entre puissances extérieures. Nous avons par exemple de nombreux points de convergence avec la Turquie, mais son inquiétude quant au risque d’une entité autonome kurde dans le nord-est du pays ne doit pas perturber le processus diplomatique, de même que la présence iranienne sur le territoire syrien ne doit pas non plus compliquer la donne.
Aussi, monsieur le ministre, nous attendons beaucoup des initiatives que pourraient prendre la France et ses partenaires dans le cadre des Nations unies.
Si les frappes que nos forces armées ont menées dans la nuit de vendredi à samedi ne visaient pas à démontrer notre puissance, même si l’on se doit de saluer au passage l’efficacité de notre armée, il n’en demeure pas moins que la France a toujours un rôle à jouer autour de la table des négociations.
Dans cette perspective, monsieur le ministre, vous avez notre soutien, sous réserve que les objectifs soient clairs et couverts de la légalité internationale.