Oui. Les gendarmes acceptent beaucoup, y compris des conditions d'engagement extrêmes. Cette année, nous avons eu en moyenne 20 blessés par jour, surtout depuis que le nouveau jeu est devenu de coucher un gendarme sur le capot d'une voiture... Depuis 2004, nous avons eu 160 morts, soit l'équivalent d'une promotion de Saint-Cyr. Il faut au gendarme une base arrière, c'est-à-dire une famille et un logement, pour qu'il soit serein. Et j'ai plus que jamais besoin d'un personnel serein, car la pression va croissant.
Vous m'avez interrogé sur la médiation. Le premier niveau est le chef, notion qui a tout son sens dans la gendarmerie. En cas de problème, le gendarme peut se tourner vers son patron. Notre slogan, il y a peu, a été : « gendarmerie, force humaine » ; il correspond bien à la réalité. Nous formons les chefs à l'écoute, qui est essentielle, et nous les sélectionnons pour qu'ils sachent entraîner les hommes derrière eux. Si ce niveau ne suffit pas, nous avons développé une chaîne de concertation pour faire remonter les problèmes. Il s'agit non pas de cogestion, mais plutôt d'aide à la décision. Le troisième acteur est l'inspecteur général des armées issu de la gendarmerie. C'est notre deuxième général d'armée, il appartient au collège des inspecteurs de la défense, et son âge comme son statut le placent pour ainsi dire hors hiérarchie.