Intervention de Hervé Renaud

Commission d'enquête état des forces de sécurité intérieure — Réunion du 27 mars 2018 à 14h20
Audition du général de corps d'armée hervé renaud directeur des personnels militaires de la gendarmerie nationale et du colonel charles bourillon adjoint au sous-directeur de la politique des ressources humaines

Hervé Renaud :

La question des retraites est l'une des préoccupations majeures exprimées par les militaires. Il serait bon que M. Delevoye reçoive les membres du Conseil supérieur de la fonction militaire. Nos métiers partagent certaines spécificités : quelle autre profession compte une vingtaine de blessés par jour et quinze morts par an ? Ce n'est pas un métier ordinaire que d'être gendarme : il faut tout donner. Et le déroulé de la carrière est spécial aussi. M. Delevoye a entendu différentes fédérations syndicales, et le Conseil supérieur de la fonction militaire a sollicité la ministre des armées pour qu'il le reçoive. Je sens que cette demande n'aboutit pas, et cela nourrit une inquiétude larvée sur le terrain, qui ne pourra que croître si rien n'est fait.

La moitié des militaires de carrière sont des gendarmes. Ceux-ci sont dans une logique de carrière longue : à la différence des contractuels qu'on trouve dans les autres armées, qui reviennent à la vie active avant trente ans, ce sont des pères et des mères de famille que je gère. Et, dans les cinq prochaines années, j'aurai à recruter près de 50 000 personnes : 7 000 contractuels par an pour des postes de gendarmes adjoints volontaires et 4 000 sous-officiers par an. Il faudra en effet remplacer le départ des fonctionnaires entrés en service au début des années 1980. Si une évolution devait se produire qui déstabiliserait le système de retraite, je pourrais être en plus confronté à une vague d'environ 15 000 départs irrationnels. Les écoles étant déjà pleines, il deviendrait difficile d'assurer la sécurité des Français.

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