Intervention de Sylvie Pierre-Brossolette

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 19 avril 2018 : 1ère réunion
Audition de Mme Sylvie Pierre-brossolette membre du conseil supérieur de l'audiovisuel sur le bilan et les perspectives de l'action du csa sur les droits des femmes

Sylvie Pierre-Brossolette, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) :

Les professionnels admettent que l'on a dépassé les bornes dans la publicité. Je suis allée à une réunion qui rassemblait les vingt-cinq marques adhérentes à la charte contre les stéréotypes sexistes dans les publicités : elles étaient toutes représentées par des femmes, mais 90 % des créatifs sont des hommes. C'est cela que nous voulons rééquilibrer. Il ne s'agit ni de contraindre, ni de censurer.

Nous devons absolument pouvoir objectiver le problème si nous voulons tenir une position incontestable. La magistrature est très féminisée, mais le président de la Cour de cassation est un homme, celui du barreau aussi d'ailleurs. Même chose pour la profession médicale : pourtant, l'Académie de médecine reste largement masculine...

La loi est un instrument qui nous aide ; elle ne peut pas tout faire. J'ai dû négocier avec les chaînes, car je n'avais pas le pouvoir de tout leur imposer. Nous sommes parvenus à un compromis, dont certains points ne sont pas complètement satisfaisants.

En matière de stéréotypes, la téléréalité n'a pas bougé d'un pouce, malgré les alertes que j'ai lancées à des chaînes comme W9 et NRJ12. Ces programmes sont diffusés pour les jeunes, entre 17 heures et 20 heures. Pour ces petites chaînes, il est important d'attirer une telle audience... Ces émissions les font vivre. Les images sont épouvantables et consternantes. En revanche, les fictions s'améliorent peu à peu. La série Candice Renoir, diffusée en 2013 sur France 2, était très stéréotypée, avec son héroïne toujours habillée en rose, toujours en retard aux réunions à cause de ses problèmes de couple ou de garde d'enfants. Elle ne résolvait ses enquêtes que grâce à son intuition féminine, pas grâce à ses capacités de déduction ! La série était bourrée de stéréotypes.

Même chose en 2015 pour Nina, avec ses personnages d'infirmière nunuche et de médecin dragueur... En parler avec des réalisateurs et des producteurs les aide à prendre conscience de ces stéréotypes et à les éviter dans leurs oeuvres à venir.

Si le Parlement souhaite un jour imposer la parité, je serai évidemment la dernière à m'en plaindre. Dans l'immédiat, nous devons travailler avec les chaînes de télévision pour lutter contre la diffusion de stéréotypes et nous manquons de moyens pour cela. J'ai fait appel à la bonne volonté des professionnels de la publicité pour mener cette lutte et je ne fais que sanctionner les écarts au coup par coup. Quant au numérique, les études sont très utiles, car elles nous donnent des chiffres à mettre sous le nez des responsables. Avant qu'une étude soit lancée sur le sujet, personne ne se rendait compte que les femmes étaient aussi peu représentées dans les milieux d'experts. Ce qui est certain, c'est que l'étude doit déboucher sur une action.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion