Monsieur le sénateur Henno, il est essentiel de garder à l’esprit la distinction entre ceux qui sont persécutés à l’occasion d’un conflit ou en raison de leur race, de leur religion, de leurs croyances politiques, de leurs orientations sexuelles, donc tous ceux qui relèvent de la convention de Genève, d’une part, et celles et ceux qui, d’autre part, se cherchent un avenir différent, ailleurs que dans leur pays d’origine, et dont certains font le choix d’une migration clandestine.
Ce sont deux démarches totalement différentes, et je ne peux, pour ma part, me résoudre à ce fatalisme qui consisterait à penser que pour certains pays, d’Afrique subsaharienne ou d’Asie du Sud – les ressortissants de ces derniers sont nombreux à avoir emprunté les filières des passeurs clandestins –, l’avenir de leur jeunesse, des plus déterminés, des plus courageux, des mieux formés parfois, passerait forcément par l’exil.
Ce défi relève évidemment d’abord de la responsabilité des autorités de ces pays. Mais c’est aussi notre responsabilité de pays partenaire que de travailler, comme je le disais tout à l’heure, à ce que, par exemple, la croissance économique constatée aujourd’hui en Afrique se traduise véritablement, pour ces jeunes, en développement humain, en possibilités de formation et d’emploi et en confiance dans l’avenir.
Sinon, quelle alternative avons-nous ? Si l’Afrique se développe, nous aurons un partenaire de croissance sur lequel nous pourrons nous appuyer. Si le destin de jeunes Sahéliens, en particulier, consiste nécessairement à aller chercher un avenir ailleurs qu’en Afrique, ici, en Europe, où nous ne pouvons pas tous les accueillir, on aura, en Afrique, de moins en moins de personnes qualifiées, de plus en plus de tensions, et donc de plus en plus de crises à gérer, car elles auront des conséquences sur notre sol.