Intervention de Delphine Gény-Stephann

Réunion du 9 mai 2018 à 14h30
L'union européenne face aux défis de la compétitivité de l'innovation du numérique et de l'intelligence artificielle — Débat interactif

Delphine Gény-Stephann :

Monsieur le sénateur, je vous remercie de votre question. On constate en effet qu’un duopole Chine-États-Unis est en train d’émerger au niveau mondial.

Au niveau européen, la France est au coude à coude avec le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse en matière de force de frappe de recherche et d’expertise. S’agissant des publications de recherche, notre pays se situe dans le peloton de tête au niveau mondial, au coude à coude avec le Canada, mais toujours derrière le duopole Chine-États-Unis.

En ce qui concerne l’innovation, la France occupe un rang moyen. L’investissement dans les start-up d’intelligence artificielle est deux fois moindre qu’au Royaume-Uni. La Chine, dans ce domaine, est en train de dépasser les États-Unis. Ainsi, 48 % des 15 milliards de dollars investis dans les start-up de l’intelligence artificielle dans le monde en 2017 sont allés à la Chine et 38 % aux entreprises américaines.

Plus globalement, on observe un réel retard de l’investissement européen dans le domaine de l’intelligence artificielle. D’après la Commission, l’investissement privé en 2016 était de 2, 4 milliards à 3, 2 milliards d’euros en Europe, contre 6, 5 milliards à 9, 7 milliards d’euros en Asie et 12, 1 milliards à 18, 6 milliards d’euros en Amérique du Nord.

Il faut donc compter sur nos atouts, que j’ai déjà eu l’occasion d’énumérer. Je les rappelle, il s’agit du cadre précurseur et exigeant que nous avons en matière de protection des données personnelles, qui constitue un véritable avantage compétitif pour nos entreprises si elles s’en emparent, du gisement des données, en particulier des données structurées qui peuvent avoir une grande valeur pour l’intelligence artificielle, et du marché unique numérique.

Par ailleurs, nous investissons fortement dans l’innovation de rupture, et une partie de cet investissement ira à l’intelligence artificielle. Nous avons annoncé un montant de 100 millions d’euros sur trois ans pour l’intelligence artificielle par l’intermédiaire du fonds pour l’innovation de rupture.

Je reviens à cette occasion sur la question de Mme Mélot concernant les supercalculateurs, car je ne suis pas allée au bout de ma réponse. Nous avons une ambition dans ce domaine. Aujourd’hui, le moindre joujou de ce type coûte de l’ordre du milliard de dollars ou d’euros ; c’est donc bien au niveau européen que tout doit se passer. La Commission européenne a proposé un projet de règlement visant à créer l’entreprise commune qui portera l’ambition européenne en la matière, avec la volonté d’investir dans des machines exaflopiques, qui peuvent réaliser un milliard de milliards d’opérations par seconde, à l’horizon de 2022-2023. Il s’agit en effet d’être entièrement dans la course.

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