Intervention de Stéphane Piednoir

Réunion du 9 mai 2018 à 14h30
L'union européenne face aux défis de la compétitivité de l'innovation du numérique et de l'intelligence artificielle — Débat interactif

Photo de Stéphane PiednoirStéphane Piednoir :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, tous les observateurs sont d’accord sur au moins un point : depuis quelques années, l’intelligence artificielle est entrée dans une nouvelle ère. Elle est devenue l’une des technologies les plus stratégiques, et elle est susceptible d’initier une véritable révolution industrielle et technologique – nous avons tous en tête ces mots de Vladimir Poutine, selon lequel « celui qui deviendra leader dans ce domaine maîtrisera le monde », et il s’y connaît…

Aux côtés des États-Unis et de la Chine, incontestablement très en avance, le Canada, le Royaume-Uni et Israël sont également fortement mobilisés pour développer de nouvelles applications, notamment dans les secteurs de la santé et de l’automobile. Il est grand temps que l’Europe prenne toute sa place dans ce défi majeur et, compte tenu du Brexit, la France doit jouer, aux côtés de l’Allemagne, un rôle moteur dans l’élaboration d’une stratégie européenne.

Dans ce contexte, je me réjouis de l’ambition affichée par le président Emmanuel Macron le 29 mars dernier et corroborée par le gouvernement allemand, qui prévoit notamment la création d’un centre commun d’intelligence artificielle avec la France. Toutefois, pour ne pas rater ce virage, les investissements publics doivent être à la hauteur des enjeux. Or l’annonce du déblocage de 1, 5 milliard d’euros sur l’ensemble du quinquennat – vous l’avez rappelé précédemment, madame la secrétaire d’État –, d’ailleurs essentiellement issu de redéploiements budgétaires, reflète un effort nettement insuffisant et relève davantage du saupoudrage que d’une véritable ambition.

De même, la mise en place de chaires individuelles et la modification de la réglementation concernant la recherche vont incontestablement dans le bon sens. Cela dit, la préconisation du rapport Villani visant à revaloriser de manière très significative le salaire des chercheurs, notamment en tout début de carrière, est un paramètre essentiel dont le Président de la République n’a visiblement pas voulu tenir compte. C’est très regrettable, et je ne peux me satisfaire de constater que nos talents quittent massivement et irrémédiablement la France et, plus largement, l’Europe, pour rejoindre la Silicon Valley.

Nous devons avoir les moyens de nos ambitions. C’est le moment d’oser et de nous engager vraiment. Madame la secrétaire d’État, quelles garanties le Gouvernement peut-il nous apporter en la matière ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion