Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je voudrais d’abord me réjouir que ce débat sur les conclusions du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures ait pu avoir lieu grâce à notre groupe, qui l’a demandé.
Je ferai quelques remarques générales sur l’ensemble des interventions. La conclusion est relativement facile à tirer.
Depuis un certain nombre d’années, trop nombreuses, certes – mais vous n’en êtes pas la cause, madame la ministre ; nous vous demandons simplement de ne pas continuer dans ce sens –, beaucoup de promesses et de communications ont été faites, sans aboutir. Je ne reviendrai pas sur les axes qui concernent mon département, puisque je suis chargé de conclure et que vous connaissez tous ces dossiers.
La situation s’aggrave, parce qu’on a de moins en moins d’argent. L’échec de l’écotaxe, qui devait nous permettre d’alimenter en partie le budget de l’AFITF, contribue d’ailleurs à cette aggravation.
Nos routes constituent aussi un patrimoine national. Et ce patrimoine national, comme tout patrimoine, doit être entretenu. Hélas, on peut remarquer, çà et là, qu’il est moins entretenu qu’avant. Prenons-y garde !
L’exemple du chemin de fer doit nous rendre plus vigilants : une fois le retard pris, il devient difficile non seulement de construire tous les tronçons que vous venez de demander, mes chers collègues, les uns après les autres, mais aussi de rattraper le retard accumulé en matière d’entretien des routes, qu’il s’agisse des chaussées, des bordures, des panneaux de signalisation, ne serait-ce que pour quelques bandes à repeindre.
Mais ce patrimoine a également besoin d’être amélioré, parce que la question de nos infrastructures routières relève également de l’aménagement du territoire.
Selon moi, un ministère de l’aménagement du territoire ne devrait même pas avoir besoin de fonds : le ministre chargé de cette question devrait être un délégué interministériel de l’aménagement du territoire, doté d’un poids réel, et devrait même, peut-être, se situer au-dessus de la ministre des transports.
Pour la construction de tronçons routiers, trop de décisions ont été prises en fonction du nombre de véhicules circulant par jour et non au regard des exigences de l’aménagement du territoire. On aggrave ainsi les problèmes de répartition de la population dans notre pays en favorisant la concentration dans les métropoles. On ne sait même plus comment faire pour « quadrupler » les autoroutes dans ces zones-là, alors que, ailleurs, les territoires se meurent.
Ce dossier ne touche pas seulement à l’aménagement du territoire, il a également trait aux questions de mobilité et, donc, très directement, aux questions de sécurité. Venons-en, par conséquent, à la sécurité routière.
Évidemment, plus nombreuses seront les routes à deux fois deux voies et meilleur sera l’entretien de nos infrastructures routières, plus grande sera la sécurité routière.
Sans même parler du lien avec les métropoles – certains se contenteraient d’être reliés à des capitales régionales modestes, de moins de 100 000 habitants –, ces fameux territoires qui souffrent d’un manque de deux fois deux voies et de la faiblesse de leurs liens avec les autres viennent de se voir infliger une obligation de limitation de la vitesse à 80 kilomètres-heure, censée régler les problèmes de sécurité.
Cette obligation doit s’appliquer de manière uniforme, sauf si le Premier ministre prend le temps de nous écouter début juin, lorsqu’il recevra les trois parlementaires et les deux présidents de commission qui ont travaillé sur cette question : après tout, il est encore temps d’espérer !
Certes, on règle les problèmes de sécurité en faisant respecter la réglementation, mais aussi en entretenant nos infrastructures routières et en investissant en la matière – il serait notamment nécessaire de construire un certain nombre de deux fois deux voies. On aurait dû commencer par là !
Les 2 milliards d’euros de procès-verbaux pour infractions routières peuvent-ils suffire à régler complètement les problèmes de sécurité routière et d’investissement dans le domaine routier ? Je l’ignore. En tout cas, à ceux qui proposent de mettre cet argent dans les hôpitaux, je réponds qu’il est trop tard une fois que l’accident a eu lieu, que l’on a une fracture du crâne ou une jambe coupée. Il faut mettre l’argent dans la prévention, dans la sécurité, en amont, et non dans la réparation, en aval.
Voilà les quelques mots de conclusion que je souhaitais prononcer, tout en vous souhaitant, madame la ministre, de pouvoir trouver des fonds pour tenir vos promesses avant 2025 !