Intervention de Céline Schwebel

Commission des affaires sociales — Réunion du 16 mai 2018 à 9h00
Table ronde « formation professionnelle »

Céline Schwebel, présidente de l'AGEFOS-PME :

L'Agefos-PME a eu pour fonction jusqu'à présent d'inciter les chefs d'entreprise à amener leurs collaborateurs à se former davantage en fonction des objectifs de l'entreprise. Aujourd'hui, au travers des outils numériques que le Gouvernement prévoit de mettre à disposition, on attend de chacun qu'il consulte les catalogues de formation, s'informe sur les cycles de formation qui sont disponibles, avec le capital dont ils dispose sur son CPF.

Cependant, aujourd'hui, un certain nombre de personnes n'ont pas d'appétit pour la formation, parce qu'elles ont été en rupture avec le système éducatif dans le passé. Ce dispositif high-tech très séduisant suffira-t-il pour leur donner envie de se former, de consulter, envie de voir en quoi consiste, concrètement, le montant de ce CPF ? Comment se trouver des affinités avec des formations qui vont les porter mieux vers le monde du travail ou tout simplement les faire entrer dans le monde du travail ? Je suis désolée d'avoir à réutiliser ce mot, mais cela me paraît un pari très ambitieux. J'ai le sentiment que, pour cette frange de personnes qui n'ont pas aujourd'hui le réflexe de la formation - pour ne pas parler d'appétence -, les laisser en autonomie complète ne permettra pas d'atteindre les objectifs fixés. Dans ce cadre-là, je pense que le Conseil en évaluation professionnelle, le CEP, devrait être un préalable pour les aider à trouver une orientation qui les amène vers des objectifs professionnels. Telles sont les réflexions que m'inspire cette monétisation.

Dernière observation : aujourd'hui, engager des personnes ayant un niveau de qualification 4 ou 5 dans un processus de formation représente un coût limité. Mais, pour s'orienter vers d'autres cycles de formation présentant une valeur ajoutée professionnelle plus élevée, le montant du CPF ne sera pas suffisant. Inciter l'ensemble de la population à abonder un capital formation suppose un changement de culture. Je ne doute pas que, pour les générations à venir, la réponse soit tout à fait favorable, mais une partie de la population n'a pas aujourd'hui ce réflexe et n'en aura peut-être pas les moyens, surtout parmi les plus défavorisés. Le pari est réellement très ambitieux.

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