Depuis la disparition de Daech, il n'y a plus cette attraction géographique. Les recruteurs incitent désormais à combattre directement en France. Ce ne sont pas les mêmes profils. D'une part, il y a beaucoup moins de personnes recrutées, d'autre part, ce sont des jeunes ayant plus de problèmes psychiatriques. Ils ont une appétence pour la paranoïa, le délire. On les recrute ainsi autour de leur folie et non de leur engagement. Pour moi, ces personnes sont beaucoup plus dangereuses car on peut les retourner et les faire passer à l'acte très rapidement. Il est beaucoup plus difficile de travailler sur ces personnes.
En ce qui concerne les mineurs de retour de Syrie et d'Irak, ceux que j'ai pu rencontrer ne sont pas endoctrinés. En revanche, ils ont vécu l'horreur ; souvent, ils n'ont pas compris ce qui leur est arrivé. Par ailleurs, leurs parents - lorsqu'ils sont encore vivants - ont été menottés sous leurs yeux et séparés d'eux, dès leur descente de l'avion. Ce sont ainsi des polytraumatisés, demandant à retrouver une vie normale.