Intervention de Eric Fottorino

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 16 mai 2018 à 9h30
Audition de M. éric Fottorino directeur de la publication de l'hebdomadaire « le 1 » dans le cadre du suivi par la commission de la situation de la distribution de la presse

Eric Fottorino :

D'autres modes de distribution existent en Europe, comme en Allemagne où la transparence prévaut. Dans les Länder, les éditeurs de presse assurent eux-mêmes la distribution, à l'instar de la démarche du Groupe Amaury, amorcé au sortir d'une longue grève en 1975, qui a constitué son propre réseau de distribution. Dans ce cadre, tout nouvel arrivant doit négocier auprès des grands éditeurs sa place dans leur circuit de distribution et ainsi entrer dans un rapport de forces disproportionné analogue à celui de la grande distribution. La réunion d'éditeurs indépendants peut constituer une alternative à ce système. Nous y avons pensé, afin de sortir d'un système géré depuis Paris, mais une telle démarche impliquait de solliciter les réseaux de distribution des grands titres de la presse régionale. La production et la distribution des quotidiens ont été, après-guerre, placés sous le monopole de la CGT-livres. Cette histoire nous est propre et les coûts de fabrication de la presse demeurent particulièrement chers en France, à l'inverse du Royaume-Uni, où les stratégies d'industriels comme Robert Maxwell, dans les années 80, ont permis d'en contenir la hausse.

Enfin, le kiosque, dans certains pays comme en Espagne ou en Italie, est un lieu de vie. Néanmoins, on voit augmenter la part des hypermarchés dans les ventes de nos journaux. En quatre ans, la part des ventes de mes deux revues qui y est réalisée est passée de 10 à 20 %, tandis que les kiosques ont vendu de moins en moins de presse d'information. La France compte onze mille points de vente actifs, dont près d'un millier disparaissent chaque année. Le métier de kiosquier se paupérise, y compris dans des villes moyennes. Les boutiques du RER ferment les unes après les autres et la ville de Saint-Germain-en Laye n'a plus de maison de la presse depuis des années. D'ailleurs, si vous n'avez pas l'occasion de voir des journaux durant toute la journée, vous n'aurez pas l'idée de les acheter !

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