Intervention de Delphine Gény-Stephann

Réunion du 17 mai 2018 à 14h30
La politique de concurrence dans une économie mondialisée — Débat interactif

Delphine Gény-Stephann :

Monsieur Longeot, la question de la valeur des données dans le monde d’aujourd’hui est assez nouvelle, et les politiques de la concurrence ne la prennent pas forcément totalement en compte.

La donnée constitue pourtant un avantage décisif pour l’économie. En France, l’existence de bases de données centralisées massives, en particulier dans le secteur public, peut créer une dynamique de création de valeurs et offrir des occasions extrêmement intéressantes de développement d’outils d’intelligence artificielle, par exemple. L’ouverture et l’exploitation de ces masses de données constituent donc un premier axe stratégique en faveur de la compétitivité des activités françaises dans ce secteur.

Toutefois, il convient aussi d’engager les entreprises dans une nouvelle logique d’ouverture et de partage de données. Le Gouvernement soutiendra et encouragera toutes les initiatives sectorielles des entreprises, notamment dans les domaines de la voiture connectée ou de l’aéronautique, qui visent à mettre en place des plateformes d’échange, de partage et de fertilisation croisée des données entre acteurs industriels, pour éviter justement l’appropriation des données par un seul acteur.

Ces politiques d’ouverture et de valorisation des données, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, sont inconcevables sans un cadre protecteur des données personnelles.

C’est précisément tout l’intérêt du règlement général de la protection des données, qui entre en vigueur le 25 de ce mois. Il offre aux Européens un niveau de protection inégalée dans le monde, et c’est un atout fondamental pour la France et l’Europe dans la compétition internationale. Les produits et services numériques commercialisés par les Européens sont les seuls à offrir de tels standards de protection sur la vie privée et les données personnelles : il s’agit d’un atout commercial que toutes les entreprises françaises et européennes doivent systématiquement mettre en avant.

Les évolutions récentes illustrées par l’affaire Cambridge Analytica montrent que le modèle européen apparaît de plus en plus comme une référence au plan international. L’avance dont nous disposons nous permet d’espérer la création d’activité et d’entreprises puissantes en Europe.

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