Intervention de Catherine Conconne

Réunion du 17 mai 2018 à 14h30
La politique de concurrence dans une économie mondialisée — Débat interactif

Photo de Catherine ConconneCatherine Conconne :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, j’habite un pays particulier, situé à 8 000 kilomètres des centres classiques d’approvisionnement, qui se trouvent, peut-être par réflexe atavique, en Europe. J’habite la Martinique, mais ces propos valent aussi pour mon île sœur, la Guadeloupe.

Dans nos pays, des filières de production animale se battent pour tendre vers un maximum d’autonomie alimentaire pour notre population.

Parallèlement, nos pays dits « d’outre-mer », membres de l’Union européenne malgré des régimes d’exception de moins en moins protecteurs, deviennent des zones de déversement des trop-pleins de production de la zone Europe. Ces produits arrivent en quantité astronomique et font l’objet d’une grande braderie, aussi bien en qualité qu’en prix. Les producteurs locaux, impuissants, assistent à cette concurrence sauvage de ces productions aidées par les régimes d’éloignement de l’Union européenne, entre autres le POSEI, le Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité !

Dans ladite « outre-mer », plus encore qu’ailleurs en France, vu la cherté de la vie, la course au moindre coût oriente le choix des consommateurs.

Ces déversements sont fréquents, sauvages. Ils n’obéissent à aucune règle, ne sont pas contingentés et surviennent à tout moment de l’année, sans aucun regard des administrations qui se cachent derrière la sacro-sainte liberté du commerce.

La libre concurrence n’est pas, pour moi, un blasphème ni un gros mot, madame la secrétaire d’État. Mais, pour nos pays, les règles ne sont pas équitables. Petite population, petits marchés éloignés des centres d’approvisionnement : la situation vire à l’affrontement entre pot de terre et pot de fer !

Je prendrai l’exemple de l’une de nos productions principales, la banane étiquetée « banane française ». Figurez- vous que l’enseigne Monoprix a choisi de l’évincer de ses étals au profit d’une banane équatorienne dite « bioéquitable ». Le drapeau bleu-blanc-rouge qui sertissait nos fruits jaunes a été remplacé par le label international Max Havelaar…

D’après le président de l’enseigne, que j’ai interpellé, cette banane garantirait « une plus juste rémunération du producteur ». En gros, on essaie de nous faire croire que les lois sociales et les conventions collectives françaises, appliquées à la lettre dans nos pays, ne permettent pas de garantir l’aspect dit « social » de la production. Malgré notre système de protection sociale et nos normes appliquées strictement, l’Équateur serait donc meilleur élève que nous !

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