Intervention de Richard Yung

Réunion du 17 mai 2018 à 14h30
La politique de concurrence dans une économie mondialisée — Débat interactif

Photo de Richard YungRichard Yung :

Monsieur Meurant, nous ne devons pas avoir honte de la marque France. La France est un grand pays de marques, nous avons sans doute l’un des plus importants portefeuilles de marques au monde, notamment dans le secteur du luxe. Nous comptons aussi nombre d’indications géographiques protégées, dont la haute qualité est reconnue partout dans le monde, y compris dans le domaine agricole.

Une des principales demandes exprimées au cours de ce débat est la prise en compte des normes environnementales, en particulier en matière d’émission de gaz à effet de serre, dans les relations économiques et commerciales. L’obtenir sera difficile, car si certains traités prennent en compte cette dimension environnementale, tel n’est pas le cas des traités économiques. Il faudra donc renégocier ceux-ci ; comme on peut l’imaginer, ce ne sera pas une tâche facile, beaucoup de pays ne marquant pas un grand enthousiasme pour s’engager dans cette voie, qui est néanmoins la voie à suivre.

La remise en cause du multilatéralisme commercial par le président des États-Unis est un élément important. Nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés : sanctions commerciales additionnelles contre la Russie, exigences, dans le domaine commercial et dans celui de la propriété industrielle, tout à fait inacceptables par la Chine, menaces à l’encontre de la France, de l’Allemagne et de l’Europe en matière de déficit commercial, sortie des États-Unis de l’accord nucléaire avec l’Iran, de surcroît assortie de menaces de représailles commerciales et financières contre nos entreprises… La presse de ce matin nous apprend ainsi que Total envisage de se retirer d’un grand projet gazier en Iran. PSA et Renault sont également très présents dans ce pays. Ajoutons que les banques françaises, qui ont déjà eu à payer entre 2 milliards et 9 milliards d’euros d’amendes à nos amis Américains, sont désormais très prudentes pour consentir des prêts aux entreprises exportant vers l’Iran.

C’est regrettable, mais un conflit s’annonce donc, qu’aucun d’entre nous ne souhaitait. Madame la secrétaire d’État, vous avez détaillé un certain nombre de mesures envisagées au niveau européen, mais nous devons avant tout adopter une position ferme à l’égard des États-Unis, ne pas accepter ces mesures unilatérales et ces menaces, montrer que l’Europe est forte, qu’elle peut, étant l’une des premières puissances commerciales du monde, si ce n’est la première, résister, développer ses relations avec d’autres partenaires, comme l’Inde, la Chine ou l’Amérique latine. Nous ne sommes pas voués à nous plier au diktat américain.

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