Intervention de Philippe Klayman

Commission d'enquête état des forces de sécurité intérieure — Réunion du 18 avril 2018 à 15h30
Audition de M. Philippe Klayman directeur central des compagnies républicaines de sécurité dccrs

Philippe Klayman, directeur central des compagnies républicaines de sécurité (DCCRS) :

Tout d'abord, monsieur le président, il existe plusieurs conceptions du maintien de l'ordre en Europe. Il est de tradition de comparer la France, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique, l'Espagne.

On a avec les Allemands une coopération très forte et des échanges très intéressants, même si l'organisation des polices allemandes est différente de notre organisation centralisée.

On s'est beaucoup intéressé à leur façon de faire. La particularité française consiste à rechercher en permanence le compromis entre l'expression des libertés publiques, le doit de manifester et la nécessité de garantir l'ordre public.

Dans l'esprit de tous ceux qui en ont la charge - autorités d'emploi, préfets, responsables de la sécurité publique, colonels de gendarmerie, commandants de CRS - il existe une recherche permanente de la préservation de deux intérêts qui peuvent à certains moments paraître contradictoires, l'expression de la liberté d'opinion et la préservation des personnes et des biens.

Il faut assurer un équilibre acceptable dans ce cadre.

Le déséquilibre vient du fait d'individus qui ne sont pas là pour exprimer ouvertement une opinion démocratique, apanage de notre société, mais pour causer des dégâts aux forces de l'ordre, motivés par tel ou tel fondement politique ou autres, ou simplement pour le plaisir de participer à des affrontements.

Dans ce cadre, nous n'avons pas la même approche que les Allemands. La tradition, en France, est de maintenir à distance ces individus, de préserver ceux qui manifestent dans le respect du droit et des libertés publiques de la violence générée par un certain nombre d'éléments, d'arriver à distinguer ces derniers et à les détacher du gros de la manifestation, pour les disperser ou les interpeller lorsque c'est nécessaire.

Tactiquement, la volonté est d'éviter le contact physique entre la force publique et des individus très agités, ce qui n'est pas la vision allemande des choses. Ils ne s'en donnent d'ailleurs pas les moyens : c'est une position de principe.

En France, le maintien à distance est principalement réalisé par l'utilisation de grenades lacrymogènes pour forcer les individus à s'éloigner. Les Allemands n'utilisent pas de gaz lacrymogènes et acceptent la mêlée. Ils recourent aussi à des engins lanceurs d'eau en nombre bien plus important que nous. L'efficacité de ces véhicules est remarquable et l'effet vulnérant de cette technique sur les individus est très faible.

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