La cyberdéfense est une priorité de la loi relative à la programmation militaire. Les efforts consentis à ce titre par le Gouvernement méritent d’être soulignés.
Si un conflit à grande échelle devait se produire, il ne commencerait pas par la mise en œuvre d’armes traditionnelles, mais par une cyberattaque et par l’espace.
Dans son discours sur l’état de l’Union européenne, Jean-Claude Juncker a déclaré que les cyberattaques sont plus dangereuses pour la stabilité des démocraties que les chars et les fusils.
Le cyberespace est aussi devenu le lieu de la confrontation informationnelle. Certains pays nous y livrent une guerre au quotidien.
Certaines puissances utilisent les moyens numériques pour mener des actions massives et répétées de désinformation et de propagande. Il s’agit de nouvelles techniques mises au service de vieilles tactiques éprouvées visant à manipuler l’opinion publique et à affaiblir les démocraties.
Chacun a pu découvrir, avec l’affaire Cambridge Analytica, de quelle manière une puissance étrangère avait pu influencer l’élection américaine. Pour le Pentagone, les fake news sont la principale menace en termes de guerre hybride.
Rapporteur pour avis des crédits consacrés à la cyberdéfense, je me suis rendu à Washington, il y a deux semaines, pour évoquer avec des représentants du Pentagone les moyens de répondre à ces nouvelles menaces.
Notre commission a souhaité que la manipulation de l’opinion publique par l’utilisation massive des médias numériques et des réseaux sociaux, avec pour objectif l’altération du fonctionnement normal des institutions démocratiques, soit prise en compte dans le rapport annexé à la loi relative à la programmation militaire.
Mon intervention a pour objet de souligner que cette menace, qui participe des capacités d’agression nouvelles, est à peine évoquée dans le présent projet de loi, et que les réponses y sont bien peu développées. Il faut ouvrir ce champ de réflexion sans attendre, car notre résilience est régulièrement éprouvée, notre vulnérabilité potentiellement élevée et notre arsenal de protection très faible.
Si les réponses ne sont probablement pas toutes militaires, il s’agit néanmoins d’un véritable enjeu de sécurité nationale. N’attendons pas un 11-septembre de la « cyber » pour comprendre que les démocraties doivent s’allier sans tarder pour combattre un ennemi qui se joue des frontières et cherche à les détruire de l’intérieur.