La situation qu'ont connue les MLP il y a quelques années a résulté essentiellement des investissements réalisés chez les dépositaires. Ces investissements ont entraîné des pertes importantes pour l'entreprise. Les fonds de commerce achetés ont été valorisés selon la méthode dite « Ricol », entraînant le passage de provisions très importantes. 14 millions d'euros de pertes ont alors été constatés. Nous avons donc procédé à une augmentation de capital, à laquelle les éditeurs ont contribué à hauteur de 8,5 millions d'euros ainsi qu'à divers actes de gestion, ce qui nous a permis de reconstituer très rapidement nos fonds propres. C'est la raison pour laquelle notre conseil d'administration ne souhaite pas étendre les MLP aux dépositaires, car nous savons que cette mission est mieux assurée par les indépendants que par les messageries.
Certes, les MLP ne distribuent pas les quotidiens. Il est difficile de demander à une messagerie de s'intéresser à un marché en train de disparaître, alors même que les éditeurs privilégient le numérique. Cependant, les MLP seraient en mesure de distribuer les quotidiens, en modifiant leur organisation. Aux États-Unis, où le passage au numérique s'est fait plus rapidement qu'en France, des quotidiens ont changé leur séquencement et ne sortent plus que deux ou trois fois par semaine, l'information étant disponible en continu sur Internet. Cette situation pourrait arriver un jour en France. Nous devons réfléchir à l'évolution de la presse quotidienne, en sachant que, aujourd'hui, les volumes sont extrêmement bas.
L'ancienne direction de Presstalis a cependant réussi certaines actions, comme la séparation du circuit des quotidiens de celui des magazines. Les quotidiens ne transitent plus par les plateformes régionales, qui concentrent de nombreux problèmes, mais par les centres de distribution régionaux puis chez les dépositaires indépendants. Une nouvelle fois, il convient de souligner l'importance des dépositaires qui sont les plateformes locales de logistique mais également de commerce de proximité. Il serait d'ailleurs tout à fait possible que les quotidiens empruntent un autre circuit et ne rejoignent les magazines que plus tard.
Les recours intentés contre Presstalis n'avaient pas pour objectif de lui nuire. Depuis le début de la crise, nous affirmons que ses difficultés ne concernent que son conseil d'administration, et le cas échéant, les éditeurs et l'État, qui sont ses créanciers. Cependant, les mesures ont été prises pour toute la filière, y compris les MLP qui n'en avaient nul besoin. Nous avons réagi fermement face à cette situation car il n'était pas logique de nous imposer des mesures de restructuration destinées à une entreprise en cessation de paiement. Il a finalement été considéré que nous n'étions pas dans une situation comparable. Le prélèvement sur les ventes a été abaissé à 1 %, après d'âpres négociations, un niveau que je juge encore excessif.
À la différence des recours déposés par les éditeurs ou par le Syndicat de l'association des éditeurs indépendants, les nôtres étaient ciblés. Nous n'avons pas engagé de procédure contre l'allongement à six mois des préavis car nous avons estimé qu'il fallait laisser le temps à Presstalis de se restructurer et de mettre en oeuvre son plan. Nous avons en revanche contesté le prélèvement de 1 % du chiffre d'affaires, que nous souhaitons réduire à 0,45 %, car il n'est pas justifié, alors que nous avons reconstitué nos fonds propres. En effet, nous ne voyons pas l'intérêt de conserver les recettes des éditeurs et de les laisser dans une situation difficile pour payer leurs fournisseurs et leurs salariés.
Que faire si Presstalis dépose son bilan ? Je ne suis pas dans cette logique, qui équivaudrait à croire qu'un tremblement de terre va forcément avoir lieu...