Ma question s’adresse à M. le ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire. Elle porte sur la reconversion en bioraffinerie du site Total de La Mède.
Monsieur le ministre d’État, vous avez récemment accepté que Total exploite sur le site de La Mède quelque 300 000 tonnes d’huile de palme brute, pour une production annuelle de 500 000 tonnes de biocarburant.
Or cette situation peut être très lourde de conséquences. En effet, elle pourrait priver les producteurs français d’oléagineux d’un débouché durable, qui a permis de bâtir une filière performante, assurant à la fois sa vocation de nourricière principale de l’agriculture et sa participation à la transition énergétique.
L’utilisation d’huile de palme importée suscite de lourdes inquiétudes sur le plan tant agricole qu’écologique. D’une part, cela pourrait concurrencer, voire déstabiliser, les filières nationales bâties autour des productions biodiesel de colza et de tournesol, qui valorisent les productions de proximité. D’autre part, la culture de l’huile de palme est la principale cause de déforestation en Asie du Sud-Est.
Cette décision semble en parfaite contradiction avec l’axe 15 de votre plan Climat, visant à lutter contre la déforestation importée.
L’impact immédiat de cette production sur la filière de colza peut être considérable, en entraînant une perte de 400 000 hectares, soit une diminution de 27 % des surfaces actuelles.
La filière biocarburants européenne et française constitue une source de protéines qui nous permet d’être moins dépendants du soja américain, très majoritairement OGM. À l’heure où il est question de défendre l’agriculture française, pour mieux lui permettre de répondre à des défis décisifs, cette annonce semble en contradiction avec l’ambition portée par le Gouvernement.
Monsieur le ministre d’État, la filière française de biocarburants est essentielle pour notre agriculture. Elle a réalisé des investissements nombreux et importants. Elle doit être rassurée, tout comme nos concitoyens, si l’on en croit les nombreuses réactions au tweet de ma collègue Nathalie Delattre.