Ma question s’adresse à M. le ministre de la cohésion des territoires.
Avec un slogan qui sonne comme une publicité pour la Française des jeux, « une chance pour chacun », le Président de la République a enterré le rapport Borloo. Mais la chance n’a rien à voir là-dedans !
Dans mon département de Seine-Saint-Denis, un rapport parlementaire pointe que les taux de chômage, de pauvreté et de difficultés scolaires sont bien supérieurs aux moyennes nationales. On compte ainsi deux fois moins de magistrats au tribunal d’instance d’Aubervilliers que dans un tribunal parisien équivalent. Autre exemple, le moins bien doté des établissements scolaires parisiens est mieux loti que le plus doté des établissements de la Seine-Saint-Denis.
Contrairement aux idées reçues, le budget alloué par l’État à ces quartiers est de 30 % inférieur à celui dont on bénéficie dans le reste de la France. Celui de la culture y est inférieur de 300 %. Les transports y sont six fois plus compliqués à utiliser qu’ailleurs. Sans parler de l’accès à la santé, au logement ou à l’emploi…
Bref, tous les sas d’entrée dans la République sont défaillants.
La banlieue et ses habitants sont souvent discriminés et stigmatisés. Ils sont maintenant méprisés. Pis, ils sont mis au ban de la République, car c’est toute la promesse d’égalité que vous avez enterrée.
Nous avons été abasourdis par les propos du Président de la République, lorsqu’il a parlé de « deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers ». Au-delà du mépris pour Jean-Louis Borloo, c’est nier que le rapport est issu d’une concertation avec des centaines d’élus de tous bords politiques, notamment ceux qui ont participé à l’appel de Grigny, des associations et des citoyens. Tout autant que leur espoir, que vous avez enterré hier, c’est leur travail que vous avez nié sur le terrain.
Votre politique, c’est à chaque coup un ticket gagnant pour les nantis de ce pays. Pour les autres, les 15 millions de nos concitoyens vivant dans les banlieues, auxquels j’associe ceux des bassins industriels en crise, des zones rurales et d’une partie des outre-mer, c’est, à chaque fois, un billet perdant, et au grattage et au tirage.
Nous ne voulons pas voir inscrite la devise « libéralisme, inégalité et adversité » au fronton de nos mairies !