Monsieur Jean-François Husson, qu’aurais-je aimé, il y a quarante ans, que l’on considère les questions environnementales non pas simplement comme des sujets de « bobos », mais bien comme des sujets touchant à la santé ou à la vie…
Rattraper en quelques mois quarante années d’aménagement du territoire et de politique de transport qui n’ont pas fait de cette question une priorité, sauf à fermer demain matin certaines activités industrielles, interdire certains modes de chauffage et retirer des millions de véhicules de la circulation, je ne sais pas le faire ! Je vous le dis très franchement, je ne sais pas le faire dans un temps court.
Ce n’est pas pour autant que nous baissons les bras. Je pars d’une situation critique, qui n’est ni acceptable ni tolérable, parce que, vous l’avez rappelé, cela touche à la santé, et toujours à celle des plus vulnérables.
Aussi, nous sommes enfin déterminés, au sein du Gouvernement, au travers d’une politique transversale, à prendre le taureau par les cornes. Il y aura des mesures d’urgence – elles existent déjà lors des pics de pollution. Après plusieurs réunions au ministère, nous avons fait en sorte que quatorze territoires touchés par ces dépassements nous proposent des feuilles de route. Nous allons les harmoniser avec Élisabeth Borne et, au début du mois de juin prochain, nous présenterons notre plan.
Toutefois, nous avons déjà pris un certain nombre de mesures : le rattrapage du diesel sur l’essence a inversé la courbe de ventes des véhicules au diesel. §Je suis désolé de vous le dire, mais les particules fines font partie des sujets de santé publique !
La prime à la conversion a d’ores et déjà permis à 45 000 véhicules polluants d’être remplacés par des véhicules qui le sont moins. Le fonds air-bois que j’ai mis en place, notamment dans la vallée de l’Arve, rencontre un succès inédit. Depuis le mois d’avril dernier, les ménages qui veulent remplacer leur vieille chaudière touchent 3 000 euros.
Ne dites pas que nous ne faisons rien ! Cela ne va pas assez vite, certainement. Il faudra bien entendu jouer sur les normes et sur la réglementation, et il sera nécessaire, de temps en temps, lors des pics de pollution, de prendre des mesures qui ne seront pas forcément faciles à accepter pour les automobilistes, mais nous n’enfermerons pas ces derniers dans des situations qui seraient des impasses. Et nous mettrons probablement en place dans chacun de ces territoires des zones à basse émission.