Intervention de Sibyle Veil

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 6 juin 2018 à 9h30
Audition de Mme Sibyle Veil présidente-directrice générale de radio france

Sibyle Veil, présidente-directrice générale de Radio France :

Nous sommes au début de cette aventure et nous devons engager des investissements importants dans la collecte de données. Par ailleurs, il faut être vigilant dans le choix des entreprises qui traiteront ces dernières.

Les prises de position du Président de la République ont suscité des questions en interne. Les équipes de Radio France sont très fières de ce qu'elles font et nous le faisons valoir auprès de l'État actionnaire.

Radio France peut être le fer de lance de la réforme de l'audiovisuel public, car sur plusieurs aspects, nous avons défriché les enjeux.

Les annonces faites avant-hier par la ministre ont été coconstruites avec les entreprises publiques de l'audiovisuel. Elles appuient et donnent une impulsion à ce que nous avons réalisé en interne. Toutefois, il ne faut pas qu'elles conduisent à travestir l'identité de la radio. En outre, toute transformation a un coût, notamment en début de période. Nous avons procédé à un travail sur nos métiers et notre organisation afin d'agir sur les coûts de fonctionnement. Enfin, je vais travailler avec les syndicats pour faire évoluer les métiers des salariés de Radio France en raison des avancées technologiques.

La part du budget consacré au numérique est en augmentation, et au-delà de ce que prévoyait le COM. Nous avons effectué des redéploiements importants en interne pour ne pas dégrader le redressement financier. Des gains de productivité ont été réalisés. Nous construisons un socle pour l'analyse des données, mais il faudrait au moins multiplier par trois les investissements dans ce secteur.

Orson Welles disait qu'à la radio, l'écran est plus grand qu'au cinéma. Les générations les plus jeunes sont des générations d'images. Elles ont grandi avec YouTube, et consomment des contenus en les regardant sur leur téléphone, elles interagissent sur la base de l'image. Il nous faut travailler l'image dans le cadre du numérique. Il faut de la spontanéité que ne possède pas la télévision.

Nos contenus doivent continuer à être référencés par les assistants vocaux, en réponse à des questions des internautes. Nous travaillons pour pouvoir utiliser nos contenus en réponse, et les concevoir pour qu'ils puissent être accessibles en tant que références. Il faut rester sur le son, et ne pas faire ce que l'on ne sait pas faire.

Le président d'un média doit garantir l'indépendance de celui-ci. Mais, et je tiens à le dire, je n'ai pas eu connaissance d'intervention politique ces dernières années. Cela ne se fait plus, car cela ne serait pas accepté par les journalistes. Avec la transparence qui existe aujourd'hui, cela se saurait immédiatement. Il n'y a donc plus de demande politique en ce sens.

Nous n'avons pas pour l'instant d'informations sur la future trajectoire économique. Des chiffres apparaissent dans la presse, mais il reste trop d'inconnus : quel sera le montant ? Comment sera-t-il réparti entre les médias ? Comment se répartira-t-il année par année ? La transformation que nous connaissons demande un investissement important au démarrage. Ces derniers doivent bénéficier à l'ensemble de l'audiovisuel. Ce qui serait préjudiciable c'est que le financement du chantier de réhabilitation de Radio France entraîne un rétrécissement des offres.

Enfin, je tiens à rappeler que nous disposons de studios capables de réaliser des émissions télévisées, car ils accueillaient autrefois l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF).

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