Quant à la bactérie qui perdurerait depuis douze ans, la durée évoquée s'avère excessive. En effet, la bactérie n'a été libérée dans la tour n°1 de notre bâtiment qu'à la suite de travaux de réfection. Certes, des contaminations très sporadiques avaient été détectées en 2006 et 2010. C'est la raison pour laquelle nous avons fermé définitivement cette tour.
Sur l'éventualité d'un retour en arrière et de la définition des laits infantiles comme des médicaments, plus de 50 % des laits infantiles premier âge sont aujourd'hui commercialisés en grande distribution, cette distribution ayant été dérégulée en raison des coûts de leur distribution en pharmacie. Si une partie des laits est déjà considérée comme médicament, la grosse partie des laits infantiles premier âge est commercialisée en grande et moyenne distribution. Outre le prix, la commercialisation en grande surface rend plus accessible aux mères ce lait. Je suis favorable à ce que le lait infantile premier âge demeure vendu dans les deux réseaux, dont les produits proposés à la commercialisation sont d'ailleurs le plus souvent différents.
Lactalis n'a pas de problème à collaborer avec les services de l'État, que ce soit au niveau national ou départemental, comme en témoigne la qualité de la coopération lors de cette crise. Les missions nous semblent bien réparties entre le ministère de la santé, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Direction générale de l'alimentation (DGAL). Si la crise que nous venons de vivre était un accident à la suite duquel Lactalis a effectivement mis les produits concernés sur le marché, l'État a plutôt bien géré cette crise, dont il n'est pas responsable.
Je n'ai pas manifesté mon désaccord avec la loi, mais évoqué les problèmes de confidentialité avec la concurrence auxquels se heurtent des entreprises familiales comme la mienne. La loi, c'est la loi et nous avons déposé nos comptes.
Serait-on capable de répercuter à nos clients un cours de 400 euros la tonne de lait ? Cela repose le problème inhérent à la distinction entre la partie française et la partie exportée. Si le prix du lait est de 100 euros, on aura un problème sur les 50 % qu'on ne pourra acheter à 400 euros. Notre capacité à répercuter le prix fixé par les producteurs à la distribution nous incombe. Le projet de loi contient moins d'engagement des distributeurs vis-à-vis des transformateurs que d'engagements des transformateurs vis-à-vis de l'amont. C'est un problème, mais nous y parviendrons.
Lactalis a toujours prêché pour la montée en gamme des produits laitiers depuis plus de vingt ans. Lactalis est d'ailleurs le premier acteur du lait bio et des produits AOC sur le marché national. Ce créneau ne représente cependant que de 15 à 20 % de nos productions dont la grande majorité concerne le lait dit conventionnel. Les consommateurs ne sont pas tous en mesure d'acquitter le prix du lait bio et des produits de filière, qui restent beaucoup plus chers.
Sur la traçabilité, il faut améliorer le fonctionnement des Gencods dans la distribution qui ne sont pas actuellement en mesure d'identifier les lots. 99 % des retraits s'effectuent au niveau des lots. Il importe de réunir tous les acteurs pour arrêter, au niveau technique, un système adapté à l'ensemble des filières de distribution. C'est d'ailleurs au niveau du Gencod qu'on pourra lutter contre les éventuelles inerties lors des retraits. Durant l'épisode de retrait-rappel, Lactalis a tout de même dépêché une partie de sa force de vente pour aider les distributeurs, auxquels incombe, en définitive, cette démarche.
La tension qui règne dans notre filiale de Craon s'explique par l'inquiétude des salariés quant au redémarrage de leur usine. Nous n'avons jamais donné de consignes pour interdire aux producteurs et aux salariés de vous rencontrer. Les salariés souhaitent ainsi que leur usine redémarre au plus tôt et produire des produits de la meilleure qualité.
Lactalis effectue les prélèvements et adresse les échantillons principalement aux laboratoires privés extérieurs auprès desquels il n'intervient jamais. Parfois, nous fonctionnons avec des laboratoires départementaux. Ainsi, ces structures, qui sont importantes et pour lesquelles Lactalis représente le plus souvent un petit client, effectuent leurs analyses en toute indépendance.
Tout le monde pousse à la conversion vers le bio, qui motive la conclusion d'un contrat de deux ans spécifique avec des primes attachées à la conversion. Voilà vingt ans que Lactalis pousse à la collecte bio qui s'effectue donc durant cette période. Il n'y a pas de chantage à la collecte et à la négociation ; nous suivons la collecte et ne remettons pas en cause les zones de collecte en cours de contrat!
L'industrie laitière ne plaide pas en faveur d'une modification de la législation sur les fromages fermiers. Lactalis a des contrats auprès de producteurs fermiers qui fonctionnent.
Sur la redistribution de la valeur, Lactalis privilégie la création de valeur à sa redistribution, afin d'améliorer le prix du lait en France et de le répercuter sur l'ensemble de la chaîne. L'augmentation des prix en amont induit nécessairement un coût supplémentaire pour le consommateur. Irons-nous ailleurs en cas de variation du prix du lait ? Non, nous avons toujours favorisé la production laitière en France et notre implantation nationale. Cependant, si le lait français devenait anti-concurrentiel par rapport aux producteurs allemands, danois, irlandais ou hollandais, nous ne serions plus en situation d'exporter sur les marchés mondiaux et réduirions alors nos achats en France. Cependant, les producteurs français disposent d'atouts pour être aussi compétitifs que leurs homologues européens.
S'agissant du dispositif du projet de loi, nous avons bien évidemment des propositions qui portent sur les filières biologiques et les AOC. Mais cela ne représente qu'une petite partie de la consommation. N'oublions pas que le lait bio ne représente que 10 % du lait de consommation, avec un prix plus élevé que celui du lait conventionnel !
L'avenir des entreprises françaises de la filière laitière requiert une plus grande agilité par rapport aux producteurs étrangers. Le droit du travail est complexe et la fiscalité est lourde, avec de nouvelles contraintes qui pèsent sur l'amont des entreprises laitières. Depuis quinze ans, Lactalis se développe également à l'étranger afin d'aider nos usines françaises à exporter. La France n'est pas le pays le plus facile où entreprendre !
Sur la sécurisation de la traçabilité, c'est la partie Gencod qui est la plus intéressante à travailler.
La répercussion de l'augmentation des prix de revient en amont doit être prévue en aval, c'est-à-dire à l'échelle des clients, pour assurer cette logique gagnant-gagnant sur l'ensemble de la chaîne. Celle-ci n'est toutefois pas prévue dans la loi.
40 % des volumes de lait collectés en France sont vendus dans la grande distribution française. Dans la partie export, une partie est vendue par la distribution étrangère. La partie restauration hors domicile représente, en France, de 15 à 20 % des volumes collectés et 30 % des volumes sont utilisés dans la fabrication de produits de commodités et de produits du marché mondial servant d'ingrédients (poudre de lait, caséines...).
Sur la relation entre l'industrie agroalimentaire et les distributeurs, Lactalis est favorable à la tenue de négociations annuelles avec une date-butoir qui est, pour le moment, fixée au 28 février. Des mécanismes existent en cas de fluctuations ; il faut assurer la répercussion de l'aval vers l'amont et veiller à ce que ce qui est contractualisé à l'amont soit bien accepté par les distributeurs. Le projet de loi n'aborde que les marques nationales. Or les marques distributeurs représentent jusqu'à 70 % des volumes et elles sont occultées. Le SRP, par ruissellement, devrait abaisser la pression sur les acteurs et les industriels !