Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 26 juin 2018 à 15h00
Relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire — Article additionnel avant l'article 1er

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

La politique agricole commune a été la première et, disons-le, quasiment la seule politique intégrée dans l’Union européenne. Elle a permis à la fois le développement de notre agriculture, le maintien des revenus et la mise en place d’une relative convergence entre des pays divers, du nord au sud de l’Europe. Cette convergence a permis d’éviter certaines concurrences.

Il y a quelques instants, notre ami Daniel Gremillet a rappelé l’histoire : après la guerre, il a été demandé aux agriculteurs français de nourrir l’Europe et ils ont pu le faire grâce à un modèle productiviste. Grâce à eux, les Européens ont pu manger et se reconstruire.

Depuis, plusieurs négociations ont eu lieu et la PAC a beaucoup évolué. Chaque pays était en effet tiraillé entre son appartenance à l’Union, ou, auparavant, à la Communauté économique européenne, et ses propres responsabilités en tant qu’État. Rappelons-nous que nous sommes plus dans une fédération d’États-nations que dans une Europe fédérale ! Je prends un exemple : les quotas laitiers, mis en place, puis enlevés. Les uns et les autres ont d’ailleurs critiqué les accords de Luxembourg.

Lors de la dernière négociation de la PAC, reconnaissons tout de même que le président Hollande et son ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, votre prédécesseur, monsieur le ministre, ont réussi un coup de maître, en arrachant un budget de 9, 7 milliards d’euros ! Rappelez-vous du discours de Cournon-d’Auvergne : tous les responsables agricoles se réjouissaient de ce résultat ! Il ne faut pas en sourire et nous devons prendre conscience du caractère exceptionnel du budget d’alors, puisque la France a été le seul pays à obtenir autant.

Monsieur le ministre, les choses risquent de ne pas se passer de la même façon cette fois-ci. J’ai observé la manière dont s’est déroulée la réunion de Madrid – j’ai même vu que vous twittiez en espagnol, je vous en félicite… La réaction de la France a été excellente : nous ne pouvons pas accepter, en début de discussion, une PAC dont le budget diminuerait de 20 % ou 30 %.

En effet, ne pas l’accepter, c’est défendre les agriculteurs, et nous sommes là au cœur de ce texte. C’est l’objectif de ces quatre amendements en discussion commune, qui sont quasiment identiques. Je crois que tous les groupes politiques de la Haute Assemblée devraient se retrouver sur un principe fort, qui représente une forme d’appel : le secteur agricole doit bénéficier d’un traitement différencié dans le cadre des négociations commerciales internationales. Si nous considérons que l’agriculture est la seule politique intégrée en Europe, alors elle mérite une exception. Cette exception agricole, qui s’inspire de l’exception culturelle, permet de construire un avenir pour nos agriculteurs.

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