J’abonde dans le sens de mes collègues. J’ai un a priori favorable à la démarche qui nous est proposée, même si je suis un peu dubitatif.
Avec ce projet de loi, nous sommes en train d’inventer une forme d’économie mixte consistant à mélanger principes de libre marché et économie administrée. Je m’interroge sur l’efficacité finale du dispositif, d’autant que les plus gros, en aval des filières, pourront s’affranchir, s’ils le souhaitent, de certaines contraintes de ce texte.
Par ailleurs, les conséquences probables de la réforme de la PAC et de la diminution de son budget pourraient, même si je souhaite me tromper, complètement annihiler les effets positifs éventuels du projet de loi que nous examinons.
En outre, je constate qu’en matière de gestion des risques nous n’avons pas beaucoup avancé, malgré tous les travaux menés dans cet hémicycle et concrétisés par une proposition de loi votée à l’unanimité voilà deux ans. Les textes existent, et il suffit de se donner les moyens de les mettre en œuvre, monsieur le ministre. J’espère que cela sera possible dans les mois et les années à venir, en tout cas le plus rapidement possible, notamment en ce qui concerne le risque économique.
J’en viens à l’exception agriculturelle. Voilà 15 000 ans, c’est grâce à l’instauration de l’agriculture que notre civilisation a pris un nouveau cours. Je ne suis pas loin de considérer qu’aujourd’hui nous devons nous reposer la question de la centralité de l’agriculture dans nos sociétés, dans notre civilisation. Le mot n’a peut-être pas été prononcé lors de la discussion générale, mais je pense que c’est vraiment l’enjeu. Il nous faut réaffirmer, grâce à cette exception agriculturelle, le fait civilisationnel majeur qu’est l’agriculture au XXIe siècle.