Dès lors, comment expliquez-vous que les mises en garde sur la qualité de nos services publics se soient multipliées alors même que les dépenses qui y étaient consacrées progressaient à un rythme soutenu ? C'est bien la preuve qu'il ne s'agit pas uniquement d'un problème de moyens. C'est bien la preuve que nous devons changer radicalement notre culture de la dépense.
Aujourd'hui, aussi paradoxal que cela puisse encore paraître à certains, c'est en ralentissant la croissance de nos dépenses que nous préserverons la qualité de nos services publics, car ce ralentissement exigera une modification en profondeur de nos politiques publiques.
Ensuite, nous y parviendrons par des réformes profondes : réforme du marché du travail et simplification des réglementations, redéploiement des moyens vers l'enseignement supérieur et la recherche, suppression des verrous réglementaires qui entravent le développement des entreprises et de l'emploi. Bref, nous y parviendrons en appliquant avec beaucoup de détermination tous les engagements présidentiels.
Cette démarche doit bien évidemment concerner l'ensemble de nos finances publiques : celles de l'État, celles des collectivités territoriales et celles de la sécurité sociale.
Cette année, pour la première fois, un seul ministre, et non plus deux, voire quatre, est chargé de vous présenter la stratégie du Gouvernement pour l'ensemble des comptes publics. Ce n'est pas une innovation légère ni un effet d'affichage, c'est la marque d'une volonté politique forte de prendre à bras-le-corps nos problèmes de déficit et d'endettement.
Il y a un seul ministre responsable de l'ensemble des finances publiques, parce que seules une vision d'ensemble et une stratégie cohérente peuvent nous permettre de rééquilibrer de façon durable nos comptes publics. Deux raisons au moins justifient la création d'un tel ministère.
La première est que les contraintes qui pèsent aujourd'hui sur les finances publiques sont globales. Ce qui pèse sur le pouvoir d'achat des ménages ou la compétitivité de nos entreprises, ce n'est pas seulement l'impôt sur les sociétés ou les cotisations d'assurance maladie, c'est l'ensemble des prélèvements obligatoires. Ce que nous léguons à nos enfants, ce n'est pas seulement la dette de l'État ou le déficit de la sécurité sociale, c'est la situation de l'ensemble des comptes publics.
C'est donc sur l'ensemble de ces comptes que porte notre engagement. C'est un point primordial, qui a été souligné par Philippe Marini dans son rapport sur la dette. Je présenterai d'ailleurs un rapport sur l'ensemble de la dépense publique en annexe du prochain projet de loi de finances.
Nos partenaires européens nous jugent également sur l'ensemble des finances publiques. On ne le dira jamais assez : les engagements européens ne sont que des règles de bonne gestion qu'il conviendrait de respecter même, et surtout, s'il n'y avait pas le cadre européen. Ce sont des engagements que nous devons nous donner à nous-mêmes.
La seconde raison, c'est que la création de ce ministère doit permettre de clarifier les relations entre l'État et l'ensemble des acteurs, qu'ils relèvent de la sécurité sociale ou des collectivités locales.