Intervention de Pierre-Yves Collombat

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 21 juin 2018 à 8h30
Point d'étape sur le rapport « nouvelles mobilités »

Photo de Pierre-Yves CollombatPierre-Yves Collombat :

Le processus de modernisation des mobilités a une conséquence : l'augmentation des inégalités entre ceux qui peuvent payer et les autres. En outre, les inégalités territoriales peuvent progresser ainsi que les inégalités au sein des mêmes territoires : la région parisienne est emblématique avec de grandes disparités de temps de déplacement entre franciliens. Je suis étonné que le système de transport continue à fonctionner dans ces conditions. Seuls les grands projets « rentables » risquent d'être financés à l'avenir. Il existe aussi des inégalités en province. Lorsque l'on est à Pau, il est facile de prendre un avion pour aller à Paris. Mais lorsqu'on est dans le Lot, c'est plus compliqué. Et certaines liaisons locales ne sont possibles qu'en voiture. Je ne crois pas qu'il y aura de la régulation des mobilités. On fera plutôt payer aux intéressés leur différence de situation. Les endroits où il y a beaucoup de clients potentiels auront des services de mobilité peu chers et variés. C'est le paradoxe souligné par Ivan Illich : plus on est performants et outillés, plus les effets induits sont négatifs. Les attentes des usagers des services publics se réduisent : la SNCF était un modèle de régularité. Désormais on est content quand on arrive, comme on est content lorsque l'on reçoit un courrier par la poste ... après trois jours. Si l'on veut faire des économies et si l'on refuse de réguler ou d'apporter de l'investissement public, les nouvelles mobilités n'avanceront pas.

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