Intervention de Alain Delgutte

Mission d'information Développement de l'herboristerie — Réunion du 11 juillet 2018 à 14h00
Audition conjointe du docteur carine wolf-thal présidente du conseil national de l'ordre des pharmaciens et du docteur jean-marcel mourgues président de la section santé publique et démographie médicale du conseil national de l'ordre des médecins

Alain Delgutte :

La connaissance scientifique évolue au fil du temps. Le millepertuis, par exemple, est une plante qui, comme antidépresseur, a des vertus avérées. Or on s'est aperçu que c'était un puissant inducteur enzymatique, interagissant avec d'autres médicaments utilisés notamment pour éviter le rejet des greffes ou en tant que contraceptif oral. Si la notion d'usage traditionnel des plantes est reconnue, il importe de prendre en compte l'ensemble de la littérature disponible et des avancées de la science. Je citerai ainsi le dispositif national de nutrivigilance élaboré par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement, de l'environnement et du travail (Anses) dans lequel figurent les interactions possibles avec certains compléments alimentaires. J'espère avoir ainsi répondu à votre question.

Vous nous avez également demandé s'il fallait élargir les prérogatives des pharmaciens en matière de préparation officinale à base de plantes, évoquant notamment les huiles essentielles. À l'évidence, il conviendrait d'élargir le champ de compétences des pharmaciens pour mieux répondre à l'accroissement de la demande, que j'observe moi aussi en tant que pharmacien officinal. Nous pouvons préparer des mélanges de plantes dès lors qu'ils figurent dans la monographie des préparations officinales. Pour les huiles essentielles, ce genre de monographie n'existe pas à ce jour. En 2017, un groupe de travail, mis en place par l'ANSM, a présenté trois projets de monographie, qui ont reçu un avis favorable de l'Agence et sont en attente de validation et de publication. Le premier porte sur des préparations à base d'huiles essentielles destinées à une application cutanée ; le second, sur des produits destinés à l'inhalation, à l'exclusion des aérosols ; le troisième, sur des préparations officinales destinées à la voie orale, donc présentées sous forme de gélules. Permettre aux pharmaciens de préparer de tels mélanges sécurisés à base d'huiles essentielles serait une réelle avancée.

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