Intervention de Joël Labbé

Mission d'information Développement de l'herboristerie — Réunion du 11 juillet 2018 à 14h00
Audition du docteur claude marodon docteur en pharmacie et président de l'aplamedom association pour les plantes aromatiques et médicinales de la réunion

Photo de Joël LabbéJoël Labbé, rapporteur :

Je vous remercie de cet exposé dense et complet. Des intervenants ont suggéré d'élargir aux plantes des outre-mer inscrites récemment à la pharmacopée la liste des plantes pouvant être vendues hors monopole officinal ou pouvant entrer dans la composition des compléments alimentaires : cela est-il souhaitable ?

Si un ou plusieurs métiers d'herboriste - paysan-herboriste, herboriste de comptoir ou pharmacien-herboriste - devait être reconnu avec une formation diplômante obligatoire, comment faudrait-il adapter ce cadre aux usages et pratiques dans les outre-mer, notamment celle des célèbres tisaniers de La Réunion ? Avez-vous à La Réunion des formations spécialisées ?

Un travail de recensement des propriétés des plantes comparables à celui du réseau Tramil dans la zone où Caraïbes existe-t-il à la Réunion, et si oui, avec quels soutiens financiers ?

Dr Claude Marodon. - Lorsqu'une plante est étudiée, avant même d'avoir sa composition, nous examinons son innocuité, c'est-à-dire sa toxicité, à titre aigu - en usage primaire - et à titre chronique - en usage prolongé. Lors de la reconnaissance récente de ces plantes, nous n'avons fait qu'introduire dans les pharmacies et en médecine des plantes qui sont utilisés largement. Cela paraîtrait aberrant d'interdire un usage courant et populaire. Cette reconnaissance est nécessaire non pas pour limiter cet usage mais pour donner à la population des informations claires : soit la plante est toxique et ne devrait pas être utilisée, soit elle ne l'est pas et on peut continuer à l'utiliser avec des recommandations ou des dosages, pour un usage thérapeutique. Ce n'est pas pour l'inclure dans le monopole.

Il y a des formations pour les médecins qui s'intéressent aux demandes des patients d'utiliser les plantes. Certains les prescrivent en complément de traitements, notamment pour du diabète ou des insuffisances rénales. Nos tableaux nous permettent de répondre précisément si la plante contient, par exemple, de l'oxalate et si elle est un risque pour les reins ou si, au contraire, elle peut modifier dans un sens ou dans un autre le taux de glycémie dans un diabète. Plusieurs thèses de médecins et pharmaciens ont été réalisées ou sont en cours pour avoir tous les outils pour y répondre. Les professionnels de santé se sont investis pour répondre aux questions de leurs patients. Encourageons ce mouvement.

Nos tisaniers participent à nos formations et collaborent à la reconnaissance des plantes, tout en connaissant leurs limites. Certains ont abandonné l'usage de certaines plantes. La Badula borbonica ou bois de savon, était une plante de la Réunion utilisée pour maigrir. Mais les saponosides détruisent les globules rouges et provoquent une anémie en deux mois. De plus, cette plante est protégée et ne peut être mise en culture. Il n'est pas à l'ordre du jour de recréer de diplôme d'herboriste. Il faut plutôt former les professionnels de santé à la connaissance des plantes et les décloisonner.

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