Intervention de Jean Bizet

Commission des affaires européennes — Réunion du 12 juillet 2018 à 10h00
Élargissement — Déplacement en serbie et au monténégro : rapport d'information de mm. jean bizet claude kern et simon sutour

Photo de Jean BizetJean Bizet, président :

Notre défi est de trouver un équilibre entre deux exigences. D'un côté, nous ne devons pas décourager ces pays et les garder arrimés à l'Union européenne. Il faut d'abord le faire parce que c'est une région dont dépend très directement notre sécurité : Daech est apparu notamment en Bosnie, les armes utilisées au Bataclan ont transité par le Monténégro et lors de la crise migratoire, la Serbie a joué un rôle exemplaire pour près de deux millions de migrants, comme elle aide aujourd'hui la France en matière de renseignement anti-terroriste. La nature a horreur du vide : la Russie, la Turquie et la Chine ont déjà posé davantage que de simples pions dans cette zone de l'échiquier européen. Un organe de presse relatait les propos de Recep Tayyip Erdoðan, qui estimait que, bien qu'il n'était pas sur son territoire en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, il comptait néanmoins faire passer des messages dans ces anciens territoires de l'empire ottoman. La Turquie avance de moins en moins masquée !

Mais il n'y a pas seulement ces raisons d'ordre géopolitique et notre besoin d'une stabilisation de la région. Ces pays sont en marche vers l'Union d'une façon qui nous a semblé crédible. La dynamique positive enclenchée dans ces pays est très perceptible. J'ai été assez sensible au discours des autorités serbes, sur une adhésion à l'Union qui soit un partenariat gagnant-gagnant - c'est d'ailleurs le titre de notre rapport...

Tout cela est vrai mais nous devons aussi tenir compte des réalités actuelles de l'Union européenne, qu'il s'agisse de la priorité donnée à l'approfondissement ou de l'état de nos opinions publiques, notamment à la suite des derniers élargissements.

Continuons à encourager ces pays dans la voie qu'ils ont choisie mais tenons-leur un discours de vérité. C'est ce que nous nous sommes efforcés de faire au cours de la mission. Cela doit aussi continuer au sein de la Conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC), car les pays candidats y participent.

Nul ne sait quelle sera la situation en 2025, ni dans ces pays, ni à Bruxelles, ni à Paris.

Dans l'immédiat, l'Union pourrait repenser les accords de stabilisation et d'association conclus avec les pays candidats, de façon à enrichir leur contenu, dans le sens d'un partenariat plus solide.

Comme nous le disait le président serbe, Aleksandar Vuèiæ, nous aurions intérêt à nous pencher sur l'évolution de la Bosnie-Herzégovine, très inquiétante pour la région, y compris pour la Croatie, pays membre de l'Union.

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