Intervention de Nadia Sollogoub

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 5 juillet 2018 à 8h30
Point d'étape sur le rapport « avenir des relations entre les générations »

Photo de Nadia SollogoubNadia Sollogoub, rapporteur :

Pour l'instant, non. Mais je vous présente ici des projections à horizon 2030-2040. Par ailleurs, il faut distinguer les catégories de dépenses. Les transferts liés à la dépendance ou à la santé vont continuer à croître du fait du vieillissement. Ceux liés aux retraites sont au contraire en voie d'être maitrisés du fait des réformes passées. Ceux liés à la famille et au chômage devraient baisser. Globalement, les projections montrent qu'on est sur une tendance à la stabilisation ou à la baisse des transferts relativement au PIB. C'était un des points centraux de la communication de France stratégie quand nous l'avons auditionnée. Nous ne nous trouvons donc pas devant un mur infranchissable de dépenses. La question est plutôt de savoir comment répartir l'effort entre les générations. C'est ce débat sur l'équité qui est central et c'est de cela que je voudrais vous parler maintenant, en revenant sur les tensions économiques entre générations.

Les auteurs qui développent le thème d'une divergence d'intérêts entre les générations et qui sont un peu les porte-paroles des générations nées à partir des années 1960 mettent en avant une opposition entre les générations « chanceuses » des décennies 1940-50, qui ont bénéficié des 4P (paix, prospérité, plein-emploi et progrès), et les générations postérieures « malchanceuses ». Ils s'interrogent également sur la partialité de la gestion d'un pacte soupçonné de faire la part trop belle aux séniors actuels, comme le suggèrent l'évolution du niveau de vie des séniors ou l'alourdissement de l'effort contributif net des actifs. Longtemps synonyme de pauvreté, la vieillesse a vu en effet sa situation matérielle s'améliorer très fortement en moyenne depuis 50 ans -et c'est très bien. À partir du milieu des années 1990, le phénomène de rattrapage du niveau de vie des séniors s'est cependant mué en un autre phénomène : les séniors sont devenus la classe d'âge en moyenne la plus aisée. On est ainsi passé d'une logique de rattrapage à une inversion des inégalités entre générations. La situation française apparaît d'ailleurs paradoxale et très singulière, puisque les inactifs ont en moyenne en France un niveau de vie supérieur aux actifs.

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